Il a un CV résolument politique. Le président de la Fédération nationale des chasseurs Willy Schraen a été conseiller municipal (de Broxeele, dans le Nord) dès l’âge de 18 ans. Il est conseiller municipal de la commune de Bayenghem-lès-Éperlecques (Pas-de-Calais) depuis 2014. Et se trouve invité très régulièrement des plateaux télé. Willy Schraen a même écrit un livre autobiographique, aux airs programmatiques, nommé Un chasseur en campagne (Éditions du Gerfaut, 2020). Cet essai-témoignage est préfacé par… Éric Dupond-Moretti, alors Garde des Sceaux depuis un mois à peine.
(...) Avec Willy Schraen, le lobby des chasseurs est devenu incontournable. Mais cela ne semble plus lui suffire. En novembre 2021, il rêvait d’un portefeuille gouvernemental. « Un ministère de la chasse n’a aucun intérêt, mais un ministère de la ruralité et de l’agriculture, j’en serais ravi », confiait-il alors au journal La Depêche. Aujourd’hui, son horizon est différent : les élections européennes de juin 2024. Willy Schraen « voit des gens, consulte, discute et prend un peu la température, mais ce n’est pas gravé dans le marbre », selon les mots choisis par la directrice de communication de la Fédération des chasseurs. (...)
Thierry Coste a récemment annoncé la création d’un think tank, appelé « Nos Campagnes ». L’homme se voit comme le directeur de la future campagne de la liste des chasseurs aux Européennes, et rencontre de potentiels candidats. Le duo veut rassembler dans une même liste quelques chasseurs, mais aussi des agriculteurs, des défenseurs des « traditions locales » et de la pêche. Thierry Coste est convaincu qu’un électorat existe (...)
Cette stratégie n’est pas tout à fait nouvelle. Déjà en 1989, quelques chasseurs ont créé un parti politique, Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT) devenu en 2019 Le Mouvement de la ruralité. (...)
Aujourd’hui encore, le mélange des genres entre chasse et carrière politique n’est pas limité aux ambitions de Willy Schraen et Thierry Coste. On trouve d’autres adeptes de la double casquette au sein de l’état-major de la Fédération nationale de la chasse. Parmi les dix membres du bureau de la FNC, huit ont déjà eu des velléités politiques et se sont déjà présentés à au moins une élection, à droite en général. (...)
L’omniprésence de Willy Schraen s’affirme jusqu’au sommet de l’État. Lui et son conseiller Thierry Coste bénéficient de l’oreille attentive du président de la République, et ils ne s’en cachent pas. (...)
À eux deux, ils font et défont les ministres chargés de la chasse. Dernier exemple en date : Nicolas Hulot. (...)
En face, les associations écologistes peinent à se faire entendre, comme le raconte Marc Giraud, porte-parole de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) (...)
En 2019, une réforme a divisé par deux le prix du permis de chasse national (...)
la Cour des comptes a pointé un manque d’évaluation et de transparence dans l’utilisation des aides publiques aux chasseurs (...)
Les fonds publics supplémentaires débloqués pour les chasseurs s’ajoutent à une manne financière déjà très importante, notamment parce que les chasseurs sont obligés d’adhérer à la fédération pour valider leur permis chaque année. (...)
les femmes sont aux yeux de Willy Schraen « l’avenir de la chasse française ». Leur proportion augmente, mais lentement. Elles constituaient 2,5 % des effectifs en 2015, contre un peu plus de 3% aujourd’hui. Pour les attirer, la FNC peut désormais s’appuyer sur des influenceuses, dont la plus connue, Johanna Clermont, est suivie par plus de 175 000 personnes sur Instagram. (...)