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Le gouvernement bloque au dernier moment un plan pour réduire la consommation de viande des Français
#alimentation #viande #urgenceclimatique
Article mis en ligne le 12 septembre 2025
dernière modification le 10 septembre 2025

La Stratégie nationale pour l’alimentation a été bloquée par les services du Premier ministre juste avant le vote de confiance de ce lundi. Sa publication était pourtant prête, après des mois de négociations.

La publication de la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC) a été bloquée in extremis par Matignon, qui a refusé de fixer comme objectif une « réduction » de la consommation de viande, selon plusieurs sources proches du dossier. Le document censé définir l’action du gouvernement pour une alimentation saine et durable d’ici à 2030, issu de la Convention citoyenne sur le climat et de la loi Climat et résilience qui a suivi en 2021, devait être élaboré avant juillet 2023.

Pas d’objectifs chiffrés

Après des mois de tergiversations, de valses gouvernementales et de consultations du public et des Conseils nationaux de la transition écologique (CNTE), de l’alimentation (CNA), de la santé (CNS) et de lutte contre la pauvreté (CNLE), le projet présenté en avril a fait l’objet d’une ultime réunion interministérielle mercredi. Cette réunion a été conclusive, selon plusieurs sources au fait des discussions, et la Stratégie devait être publiée avant le vote de confiance au gouvernement ce lundi.

Les ONG l’attendaient de longue date, espérant des objectifs chiffrés en matière de réduction de la consommation de viande et des mesures concrètes pour réguler la publicité promouvant « la malbouffe qui cible les enfants », selon Foodwatch. (...)

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 (Journal de l’économie)

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Au cœur de la rentrée politique, la feuille de route nationale sur l’alimentation a été bloquée par Matignon et Emmanuel Macron. La consommation de viande, enjeu économique et climatique majeur, a cristallisé les tensions jusqu’à vider le texte de sa substance initiale.

Le 8 septembre 2025, Matignon a suspendu la publication de la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat. Le document prévoyait initialement une réduction de la consommation de viande. Le blocage, orchestré à la dernière minute, révèle les arbitrages économiques et politiques autour d’un secteur sensible, entre lobbies agroalimentaires, impératifs environnementaux et équilibres institutionnels.

Une stratégie nationale vidée de son objectif chiffré (...)

Le poids économique et climatique de la viande en débat

Le cœur du dossier est économique. En France, la filière viande représente des dizaines de milliers d’emplois et un poids considérable dans les exportations agroalimentaires. Pourtant, son impact environnemental est largement documenté. Selon La Tribune, « près de 70 % de l’empreinte carbone de l’alimentation est liée à la production et à la consommation de viande », alors que « 32 % de la population adulte consomme trop de viande hors volaille, 63 % trop de charcuterie ». Ces données confirment les analyses internationales qui pointent la viande comme un levier incontournable de réduction des émissions.

Derrière le blocage, un arbitrage politique se dessine. L’exécutif a préféré ménager les filières agricoles, déjà fragilisées par la volatilité des prix mondiaux et les tensions commerciales. Le choix d’une formulation édulcorée permet d’éviter un affrontement frontal avec les syndicats agricoles et les industriels de la viande, puissants relais d’influence en milieu rural. Cependant, ce compromis fragilise la crédibilité de la stratégie nationale sur le climat. Les ONG soulignent que sans objectif clair, la France s’expose à manquer ses engagements de neutralité carbone d’ici 2050.

Les blocages institutionnels et politiques

Le processus révèle également une fracture institutionnelle. La version remaniée du 5 septembre n’a pas été validée par les ministères de la Santé ni de la Transition écologique. Ces ministères plaidaient pour maintenir une ambition forte sur la réduction de la viande, au nom de la santé publique et des impératifs climatiques. Mais l’arbitrage final est revenu à Matignon, avec l’aval implicite d’Emmanuel Macron, soucieux d’éviter une crise politique au moment du vote de confiance du gouvernement.

Cette séquence illustre la fragilité de la gouvernance alimentaire en France. (...)