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Mediapart
Le Conseil d’État annule le décret qui permettait la location de logements indignes
#logement #taudis #Macron #ConseildEtat
Article mis en ligne le 1er septembre 2024
dernière modification le 30 août 2024

Saisie par un collectif d’associations, l’institution a annulé un texte qui facilitait la vie des « marchands de sommeil ». Le Conseil d’État souligne un étrange passage en force pour faire adopter ce décret.

C’est une belle victoire pour les associations qui bataillaient depuis un an contre le décret habitat rebaptisé « décret marchand de sommeil ».

Le Conseil d’État, qui avait été saisi par l’association Droit au logement (DAL), rejoint par un collectif d’associations dont la Fondation Abbé Pierre, ATD Quart Monde et le Secours catholique, vient en effet d’annuler, dans une décision publiée le 29 août, la majeure partie du décret pour défaut de consultation du Haut Conseil pour la santé publique. (...)

Adopté en catimini, il y a tout juste un an, au cœur de l’été, le décret habitat 2023-695 se présentait en effet comme un incroyable cadeau aux marchands de sommeil et autres propriétaires abusifs.

Il ouvrait la possibilité de louer des surfaces « atypiques », selon l’euphémisme du ministre du logement démissionnaire Guillaume Kasbarian : des logements de moins de 1 mètre 80 sous plafond, des locaux en sous-sols à peine éclairés… Le principal était, dans la logique de ce texte, que les locataires disposent d’un « volume habitable suffisant ».

Parmi les associations luttant contre le mal-logement le tollé avait été immédiat. (...)

« Ce décret est un cadeau à ceux qui veulent maximiser la rentabilité de leur propriété. Des propriétaires dont le logement a été déclaré insalubre commencent à demander la levée des procédures et vont reprendre une activité florissante », s’indignait récemment dans Mediapart Sarah Folléas, chargée de projet à l’Alpil. Les agences régionales de santé (ARS), compétentes en matière de salubrité de l’habitat, étaient en effet de plus en plus sollicitées ces derniers mois par des propriétaires se demandant si leur sous-sol ou leur cave étaient désormais éligibles à la location…

Dans sa décision, datée du 29 août, le Conseil d’État relève le curieux procédé qui a abouti à l’adoption estivale du décret. Le texte soumis au Haut Conseil pour la santé publique, conformément à la procédure en vigueur, n’était en effet pas le même que celui finalement adopté ! Les mesures les plus ouvertement scandaleuses – comme « l’enfouissement » du logement ou la hauteur sous plafond d’1 mètre 80 – ont en effet été rajoutées après l’avis du Haut Conseil pour la santé publique. Pratique. (...)

Le gouvernement avait rejeté tous les amendements de l’opposition visant à supprimer ce décret. (...)

Mettre sur le marché des taudis pour résoudre la crise du logement ? L’idée avait manifestement bien cheminé en Macronie ces derniers temps. Le Conseil d’État vient de rappeler qu’il restait encore quelques garde-fous contre cette cynique réponse au manque de plus en plus criant de logements.