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Mediapart
Lanceur d’alerte mis à l’écart pendant le covid, un psychiatre est réhabilité par la justice
#covid19 #pandemie #France #MathieuBellahsen
Article mis en ligne le 7 mars 2025
dernière modification le 4 mars 2025

Pour la justice administrative, Mathieu Bellahsen doit être rétabli dans ses fonctions à l’hôpital de Moisselles après les « représailles » qu’il a subies. En 2021, il avait été sanctionné après avoir alerté sur les conditions d’enfermement des patients pendant le premier confinement. L’établissement a fait appel.

Tout part d’une lettre anonyme qui pose, le 14 mai 2020, « la question de harcèlement, d’abus de pouvoir et de maltraitance » de la part du docteur Bellahsen. Coïncidence troublante, ce courrier est rédigé six jours seulement après l’alerte donnée par le psychiatre auprès du contrôleur général des lieux de privation des libertés (CGLPL). En cette période de confinement, Mathieu Bellahsen constate en effet que tous ses patient·es ont été enfermés à clé dans leur chambre.

Adeline Hazan, alors CGLPL, diligente une visite le 18 mai 2020. Ses recommandations en urgence, rendues publiques, sont très sévères pour l’hôpital. Elle dénonce alors les « conditions indignes » de l’isolement des patient·es, laissé·es sans horloge, sans bouton d’appel, sans accès à une douche, et même sans radio pour s’informer de l’avancée de la pandémie qui a mis le monde à l’arrêt. Cet isolement illégal a fait des victimes : le CGLPL rapporte qu’une patiente a été « gravement blessée et admise aux urgences » après avoir sauté du deuxième étage par la fenêtre de sa chambre qu’elle a brisée.

Mais la directrice de l’hôpital, Luce Legendre, toujours en poste, fait plutôt le choix de diligenter une enquête interne sur le supposé « harcèlement » de son équipe par le docteur Mathieu Bellahsen. La procédure conduit à son éviction en 2021.

Reconnu victime de représailles (...)

La psychiatre a reçu une première reconnaissance en octobre 2023, d’abord par la Maison des lanceurs d’alerte. Le 7 juin 2024, c’est au tour de la Défenseur des droits Claire Hédon de déclarer officiellement, dans une lettre de 19 pages, que le psychiatre a bien « fait l’objet de mesures de représailles après avoir lancé une alerte dans les conditions prévue par la loi ». (...)

C’est armé de tous ces éléments en sa faveur que Mathieu Bellahsen s’est présenté devant le tribunal administratif. Dans ses plaintes, il réclamait sa restauration en tant que chef de service, la protection fonctionnelle, c’est-à-dire la prise en charge des frais de justice par l’employeur accordée lorsqu’un fonctionnaire est victime d’une agression, et réclamait deux versements symboliques de 1 500 euros. Il a tout obtenu. (...)

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 ( Mediapart)
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En juillet 2021, le psychiatre Mathieu Bellahsen a été démis de ses fonctions de chef de pôle au terme d’une enquête administrative. En mai 2020, il s’opposait à l’enfermement systématique de patients justifié par le confinement. La direction nie toutes représailles. Pourtant, de nombreux membres de son équipe dénoncent une enquête à charge (...)
Article mis en ligne le 30 septembre 2021