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Le Devoir
La sainte paix
#guerres #Gaza #Soudan
Article mis en ligne le 16 juin 2025
dernière modification le 15 juin 2025

(...) Nous ne parlons à peu près pas du Soudan, troisième plus grand pays du continent africain. Plus de 10 millions de civils ont dû fuir. Les morts se chiffrent à plus de 150 000 en un peu plus d’un an. Comme en Palestine, le gros des victimes est le fait de civils, de femmes, d’enfants, de vieillards. Dans la région du Darfour, un génocide a eu lieu, au nom des ressorts sinistres du racisme.

Deux factions en quête de pouvoir s’affrontent, le couteau entre les dents. Entre les Forces armées régulières soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR), une milice auxiliaire paramilitaire, la guerre exprime un déchirement civil profond qui survit depuis des décennies. Tout cela se fait dans l’appétit des mines d’or, des puits de pétrole et des plantations d’acacias qui permettent la production de gomme arabique, laquelle se retrouve notamment dans les boissons sucrées du monde entier.

À Khartoum, tout a été mitraillé, bombardé, brûlé, pillé. Ce n’est pas exactement le même paysage de gravats et de poussière qu’à Gaza, mais pas bien loin. Les maisons sont détruites. Les immeubles, pour ceux qui tiennent encore debout, sont lacérés, éventrés, écorchés. Les hôpitaux ne sont plus que ruines, tout comme les écoles. Le palais présidentiel est réduit à sa carcasse. À l’aéroport, des carlingues d’avions calcinés, explosés, disloqués jonchent le tarmac. Les commerces ont disparu. Toute l’infrastructure civile est touchée à mort.

Au programme pour ces populations : massacres, tortures, viols, pillages, rapts, assassinats. Des témoins indiquent l’emplacement de charniers. Des cadavres pourrissent au soleil. Le choléra a désormais fait son nid. La population titube de famine. Le Soudan crève de faim, faute d’aide alimentaire. La suppression des programmes de secours américains, tel qu’en a décidé l’inepte Donald Trump, a eu là-bas des effets tragiques, cataclysmiques.

Dans la surenchère droitière qui prend des proportions planétaires, la fièvre de la guerre nous conduit sur les crêtes de l’abîme, au nom des puissances et de leurs nuisances. Nous apparaissons plus que jamais menacés par des professeurs de haine, lesquels sont soutenus par des moyens techniques sans précédent.

La fin des massacres, l’arrêt des génocides, le sauvetage humanitaire, est-ce trop demander à ce monde enfiévré ? Il devrait être plus que jamais question de se calmer. Or, l’attention est plutôt centrée, comme au temps des affabulations de Ronald Reagan, vers les modalités d’une guerre totale. Voici même que nous est présenté le « dôme d’or », cette promesse d’une ère de feu et de fer qui pèse comme du plomb sur l’avenir. (...)

Le monde manque d’air. Il convient de lui en donner, sans tarder, sans hésiter. Nous pouvons faire mieux, beaucoup mieux, pour la défense des droits élémentaires face à ceux qui ont décidé de mettre le cap sur le pire, en faisant boucherie de tout, y compris de la décence, dans des intentions avouées de faire main basse sur l’avenir de l’humanité.

Au milieu de nos ténèbres, comment faire entrer les rayons éclatants du soleil ? La sainte paix, chose certaine, ce n’est pas qu’en Terre sainte qu’il faut l’espérer et s’empresser de l’exiger.

Dans un passage de La peste, Albert Camus écrit : « Ce qui m’intéresse, c’est qu’on vive et qu’on meure de ce qu’on aime. » Ce devrait être, pour de bon, notre horizon.