
La loi entrera en vigueur dans les parcs nationaux d’ici deux ans et dans toutes les zones marines protégées du pays d’ici 2030.
La Grèce est devenue le premier pays d’Europe à annoncer l’interdiction du chalutage de fond dans l’ensemble de ses parcs marins nationaux et de ses zones protégées.
Le pays a déclaré qu’il dépenserait 780 millions d’euros (666 millions de livres sterling) pour protéger ses "écosystèmes marins divers et uniques".
Le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a déclaré aux délégués de la conférence Our Ocean à Athènes mardi : "Nous avons créé deux parcs nationaux marins supplémentaires, l’un dans la mer Ionienne et l’autre dans la mer Égée, augmentant ainsi de 80 % la taille de nos zones marines protégées et couvrant un tiers de nos eaux territoriales marines.
"Nous interdirons le chalutage de fond dans nos parcs nationaux d’ici 2026 et dans toutes les zones marines protégées d’ici 2030.
Il a ajouté qu’il mettrait également en place un système de surveillance de pointe, y compris des drones, pour faire respecter l’interdiction.
Le parc national marin proposé pour la mer Ionienne couvrira près de 12 % des eaux territoriales grecques et protégera des mammifères marins tels que le cachalot, le dauphin rayé et le phoque moine vulnérable de la Méditerranée, tandis que l’AMP de la mer Égée du Sud couvrira 6,61 % des eaux territoriales grecques.
Toutefois, la décision du gouvernement d’Athènes de créer deux nouveaux parcs marins dans la mer Égée et la mer Ionienne a ravivé les tensions avec son rival historique, la Turquie. Le ministère des affaires étrangères d’Ankara a averti la Grèce la semaine dernière que la proposition dans la mer Égée se situait dans une zone contestée et que l’initiative était "politiquement motivée".
Les défenseurs de l’environnement se sont félicités de cette annonce et ont déclaré qu’ils espéraient que cette initiative créerait un "effet domino" qui inciterait d’autres pays de l’UE à faire de même.
Nicholas Fournier, directeur de campagne pour la protection du milieu marin au sein de l’organisation internationale de protection de la nature Oceana, a déclaré : "Tout le monde attendait que la France, l’Allemagne ou l’Espagne intervienne : "Tout le monde s’attendait à ce que la France, l’Allemagne ou l’Espagne prenne le relais. Le fait que la Grèce prenne fait et cause pour l’interdiction du chalutage de fond est surprenant, mais tout à fait bienvenu.
"Nous espérons que cela aura un effet domino sur les autres pays européens. La pression est sur la France, qui accueillera l’année prochaine la conférence des Nations unies sur les océans.
Cette nouvelle intervient alors que la France est accusée d’hypocrisie par les défenseurs de l’environnement dans le cadre d’un conflit post-Brexit avec le Royaume-Uni sur les droits de pêche. Le pays a lancé une protestation officielle après que le Royaume-Uni a décidé d’interdire le chalutage de fond dans certaines parties de ses eaux territoriales afin de protéger les habitats marins vulnérables.
Charles Clover, cofondateur de la Blue Marine Foundation, une organisation de protection de la nature basée au Royaume-Uni, a déclaré : "Les adultes européens doivent vraiment mettre de l’ordre dans l’extraordinaire chaos qui règne entre les États membres en matière de protection marine. La France prétend avoir déjà protégé 30 % de ses eaux, alors que ses propres écologistes nous disent que moins de 0,1 % de ses eaux sont effectivement protégées contre le chalutage.
"En outre, la France veut empêcher la Grande-Bretagne d’interdire le chalutage dans les aires marines protégées situées dans ses propres eaux, ce qui est tout à fait hypocrite, contraire aux lois sur les habitats qui s’appliquent à nous deux et inacceptable pour le Royaume-Uni. Aujourd’hui, la Grèce est à l’avant-garde de l’Europe en annonçant qu’elle protégera toutes ses zones marines protégées contre le chalutage d’ici à 2030, ce qui représente 32 % de ses eaux. L’UE n’a-t-elle pas de normes communes ?
Le chalutage de fond pratiqué par les navires industriels est une technique de pêche extrêmement préjudiciable qui consiste à traîner de lourds filets sur les fonds marins, à détruire les habitats et à rejeter du carbone dans la mer et dans l’atmosphère.
Oceana, ainsi que d’autres ONG, la Marine Conservation Society et Seas at Risk, ont exhorté l’Union européenne à prendre des mesures plus strictes à l’encontre des États membres qui autorisent encore le chalutage de fond dans leurs zones marines protégées. Un rapport publié en mars montre que cette pratique destructrice est encore pratiquée dans 90 % de toutes les zones marines protégées de l’Union européenne.
À l’heure actuelle, seuls 7 à 8 % des océans sont protégés, dont 3 % seulement relèvent de la catégorie "hautement protégée".