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Mediapart
La fronde s’organise contre le transfert du Stade de France à un proche de Macron
#Macron #StadedeFrance #GLEvents #BTP
Article mis en ligne le 23 décembre 2024
dernière modification le 22 décembre 2024

La décision d’engager des négociations exclusives avec le groupe GL Events, qui a accompagné Emmanuel Macron dans sa conquête du pouvoir, pour gérer le Stade de France, suscite d’importants remous. Au point de pousser les concessionnaires sortants, les géants du BTP Bouygues et Vinci, à attaquer l’appel d’offres mené par l’État.

Plus grande infrastructure sportive du pays, le Stade de France est devenu le terrain d’un bras de fer au sommet de l’État. Ce dernier a annoncé le 10 décembre avoir engagé des négociations exclusives en vue de confier la concession de l’emblématique enceinte de Seine-Saint-Denis au groupe GL Events, pour les trente prochaines années.

La décision avait été arrêtée quatre jours plus tôt, le vendredi 6 décembre, au terme d’un appel d’offres ayant opposé pendant plusieurs mois la société lyonnaise d’événementiel au consortium actuel, regroupant Vinci et Bouygues, qui exploitait le stade depuis trois décennies, après l’avoir construit à la veille de la Coupe du monde de football de 1998. (...)

Les mastodontes du BTP, si sûrs de leur fait, qui trébuchent face à un « petit » monteur de chapiteaux parti de rien : la fable est aussi belle qu’improbable. Car ce récit fait l’impasse sur l’état de grâce dans lequel se trouve GL Events depuis 2017, année de l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron. Lors de la campagne, la société d’événementiel avait multiplié les coups de pouce au candidat, comme l’avait révélé Mediapart.

Proche du couple présidentiel auprès duquel il avait été introduit par l’ancien maire de Lyon (Rhône), Gérard Collomb, le patron de GL Olivier Ginon a depuis développé de nombreux contrats et partenariats, tous plus prestigieux les uns que les autres : c’est par exemple lui qui organise à l’Élysée le « dîner des grands chefs » dans le cadre du Bocuse d’Or ; lui aussi qui s’est vu confier la vice-présidence de la « filière sport » mise en œuvre par l’État pour booster son développement économique.

Lors des Jeux de Paris 2024, GL Events était encore partout (...)

Cette omniprésence lui a permis de réaliser, d’après ses propres résultats, 360 millions d’euros de chiffre d’affaires sur l’événement.

Des questions sur le rôle de l’Élysée

Le choix de GL pour le Stade de France a été validé par un comité de pilotage présidé par le tout nouveau délégué interministériel aux grands événements sportifs (Dijop) Pierre-Antoine Molina, arrivé en octobre. L’instance est aussi composée de fonctionnaires de plusieurs administrations de Bercy, ainsi que du ministère des sports. Ce dernier a toutefois été tenu à l’écart du processus, si bien que le ministre Gil Avérous est apparu dans la dernière ligne droite comme simple spectateur d’un duel qui se jouait bien au-dessus de lui.

Entré en négociation exclusive, le groupe lyonnais dispose désormais d’un peu plus d’un mois – jusqu’à fin janvier – pour finir de convaincre l’État, mais aussi les deux fédérations de football et de rugby qui programment neuf matchs par an dans l’enceinte, de la pertinence de son projet. (...)

les deux géants du BTP ont annoncé, mercredi 18 décembre à l’AFP, leur intention d’attaquer la procédure, notamment pour « iniquité de traitement entre les candidats ». Les questionnements se multiplient sur le rôle joué, dans la dernière ligne droite du processus, par la présidence de la République dans la désignation de l’ami d’Emmanuel Macron.

Interrogé par Mediapart sur son rôle dans la gestion du dossier, l’Élysée n’a pas retourné nos questions. Emmanuel Macron a récemment invité Olivier Ginon lors des visites d’État au Maroc et en Arabie saoudite, mais la présidence n’a pas souhaité non plus nous indiquer si l’avenir du Stade de France avait été au menu des échanges. (...)