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AfriqueXXI
La France au révélateur des « outre-mer »
#Fance #outremer #colonisation
Article mis en ligne le 8 octobre 2025

Dans un essai aussi court que percutant, la chercheuse Jeanne Belanyi ausculte les relations complexes entre l’Hexagone et les territoires « ultramarins » qui lui sont encore rattachés. De quoi le malaise qui s’exprime de manière de plus en plus intense dans ces « confettis d’Empire », notamment à travers le vote en faveur de l’extrême droite, est-il le nom ? Et que dit-il de la France ?

Directrice de l’Observatoire des outre-mer à la Fondation Jean-Jaurès, à Paris, Jeanne Belanyi pose, dans un petit livre théorique accessible à toutes et tous, publié aux éditions Le bord de l’eau, une question qui semble ne plus (ou n’avoir jamais) intéresser grand monde dans l’Hexagone : les outre-mer sont-ils encore dans la république ? Une question percutante qui donne son titre à l’essai, et qu’elle explore dans quatre chapitres riches en citations de travaux scientifiques, en exemples concrets et en données statistiques. Une question qui, à la lecture de l’ouvrage et surtout de la longue (et souvent violente) histoire qui lie la France à ses territoires dits « ultramarins », aurait pu être posée autrement, dans une veine plus polémique encore, simplement en optant pour un autre adverbe : les outre-mer ont-ils jamais été dans la république ? (...)

Directrice de l’Observatoire des outre-mer à la Fondation Jean-Jaurès, à Paris, Jeanne Belanyi pose, dans un petit livre théorique accessible à toutes et tous, publié aux éditions Le bord de l’eau, une question qui semble ne plus (ou n’avoir jamais) intéresser grand monde dans l’Hexagone : les outre-mer sont-ils encore dans la république ? Une question percutante qui donne son titre à l’essai, et qu’elle explore dans quatre chapitres riches en citations de travaux scientifiques, en exemples concrets et en données statistiques. Une question qui, à la lecture de l’ouvrage et surtout de la longue (et souvent violente) histoire qui lie la France à ses territoires dits « ultramarins », aurait pu être posée autrement, dans une veine plus polémique encore, simplement en optant pour un autre adverbe : les outre-mer ont-ils jamais été dans la république ? (...)

la couverture médiatique et le traitement politique de ces territoires ne permettent que rarement de comprendre les enjeux qui se jouent derrière ces « crises », ni même de les inscrire dans une histoire, celle de la colonisation, que l’on a tendance à occulter, tant dans le champ du pouvoir politique que dans celui des médias.

En guise de réponse à son propre questionnement, Jeanne Belanyi assume de s’inscrire dans la pensée postcoloniale, qui lui permet, indique-t-elle dans son introduction, d’« offrir une grille de lecture renouvelée explorant les rapports entre le passé et le présent de manière à analyser les traces laissées par le fait colonial dans la société et l’imaginaire français ». (...)

Un miroir grossissant

La force de l’argumentation de ce livre repose dans le fait que son autrice ne se contente pas d’analyser le rapport des « outre-mer » avec la « métropole » en convoquant (ou en rappelant) uniquement le passé. Elle se situe résolument dans le présent, mais, surtout, elle s’inscrit dans une perspective politique globale, dans laquelle les territoires dits « périphériques » de la République française ne sont pas de simples curiosités exotiques, dont l’évolution politique, sociale et économique serait indépendante de celle de l’Hexagone, mais bien des acteurs à part entière (et souvent les premières victimes) de la dérive néolibérale du pouvoir politique. (...)

les outre-mer, souvent présentés comme des laboratoires servant à expérimenter de futures lois, sont aussi (et peut-être avant tout) des révélateurs de ce qu’est réellement la France, et de ce qu’elle offre ou inflige à celles et ceux qui vivent sous son régime politique.

Dans l’extrait, issu du quatrième chapitre intitulé « Négation des identités, un jeu à somme nulle pour la république », Jeanne Belanyi s’intéresse à la percée spectaculaire du vote en faveur de l’extrême droite ces dernières années dans plusieurs de ces territoires, qui en dit long sur le sentiment d’abandon et les désillusions des populations qui y vivent. (...)

Les faux-nez du RN dans les outre-mer

« SI LA STRUCTURE ÉCONOMIQUE DÉSORMAIS SI DÉFAVORABLE AUX CLASSES MOYENNES et populaires, ne peut que produire un sentiment de dépossession généralisé, cette dépossession, lorsqu’elle se mue en désir de revanche, est instrumentalisée par une extrême droite qui ne souhaite pas l’orienter vers le haut par la remise en cause du jeu capitaliste, mais plutôt vers le bas par la désignation de boucs émissaires faciles et racialement définis, cet « Autre », en somme, qui lui permet d’articuler les thématiques du « pouvoir d’achat » et de l’« immigration ».

Le risque, déjà en cours, est donc de voir émerger une extrême droite qui gagne au tirage et au grattage. Au tirage, car ses méthodes caméléonesques lui permettent de surfer sur des arguments économiques qui font mouche dans des territoires marqués par un sentiment d’abandon, de délaissement et de colère (...)

Au grattage car les cris d’orfraie qui lui servent à dénoncer bruyamment les conséquences structurelles d’un modèle économique qui constitue en réalité son fonds de commerce électoral sont aussi fictifs que les offensives socialistes contre cet adversaire « sans nom, sans visage et sans parti » qui auront marqué le mandat de François Hollande (...)