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Reporterre
La dernière habitante sur le tracé de l’autoroute
#A69 #ZAD #resistances #repression
Article mis en ligne le 19 septembre 2024
dernière modification le 18 septembre 2024

La dernière habitante sur le tracé de l’autoroute A69 a quitté son domicile de Verfeil le 16 septembre, après de longues négociations. Dans la foulée, de nombreux arbres ont été abattus sur sa propriété.

«  J’ai signé, ce n’est plus chez moi. On va essayer de se reconstruire, maintenant. » Vers 13 heures lundi 16 septembre, Alexandra, la dernière habitante sur le tracé de l’autoroute A69, sort en larmes d’une petite pièce au rez-de-chaussée de sa maison à Verfeil, en Haute-Garonne.

La quadragénaire, qui vivait ici depuis plus de dix ans, a accepté il y a quelques jours une offre de relogement du concessionnaire NGE-Atosca pour quitter sa maison, qui se situe sur le tracé de la future autoroute devant relier Castres à Toulouse. Cette situation devenait une épine dans le pied d’Atosca, qui souhaitait au plus vite poursuivre les travaux. (...)

« C’est dégueulasse ce chantage ! »

Vers 9 heures, plusieurs représentants du concessionnaire et un huissier de justice sont ainsi arrivés sur les lieux pour signer avec Alexandra un accord concluant son relogement en HLM avec son compagnon et son fils, et le versement d’un dédommagement de 20 000 euros.

Une cinquantaine de gendarmes étaient présents pour «  assister Atosca lors de cette remise des clés  », selon le colonel Stéphane Dallongeville, chef des opérations sur place.

À leur arrivée, une dizaine d’opposants à l’A69 étaient déjà sur le toit de la maison pour empêcher sa destruction, et une vingtaine d’«  écureuils  » — ces militants perchés dans les arbres — étaient postés dans leurs cabanes construites dans les branches afin d’en éviter abattage. Au sol, une cinquantaine de soutiens étaient également dispersés dans le jardin d’Alexandra. (...)

«  Ils me disent que je ne pourrai pas signer l’accord si vous ne descendez pas !  » lance-t-elle en larmes aux opposants sur son toit. « C’est dégueulasse ce chantage que vous lui faites ! insiste une militante aux salariés du concessionnaire. C’est nous qui décidons d’occuper cette maison, elle n’a rien à voir là-dedans.  »

Après l’intervention d’un lieutenant-colonel, celle qui accueillait sur son terrain des opposants à l’A69 depuis mars 2023 a enfin pu signer l’accord et partir de la propriété vers 13 heures. «  Il y a eu deux tentatives de meurtre ces dernières semaines chez moi. J’ai un enfant de 4 ans, il n’a pas à mourir pour cette putain d’autoroute, voilà pourquoi j’ai accepté cet accord  », résume-t-elle devant plusieurs caméras et appareils photo, en pleurs. (...)

« On résistera jusqu’au bout »

Peu de temps après, une pelleteuse et plusieurs bûcherons ont pénétré dans le «  Verger  », le nom donné à cette zone par les opposants, pour couper les frênes, noyers, chênes, tilleuls et autres essences non occupées par des opposants dans le jardin de 8 000 m². «  Vous devriez avoir honte !  » crie une militante sur place, encadrée par un cordon de gendarmerie. Le bruit des troncs qui craquent et s’écroulent sur le sol tire des larmes à plusieurs opposants à l’A69, qui assistent, impuissants, à cette scène.« On résistera jusqu’au bout »

Peu de temps après, une pelleteuse et plusieurs bûcherons ont pénétré dans le «  Verger  », le nom donné à cette zone par les opposants, pour couper les frênes, noyers, chênes, tilleuls et autres essences non occupées par des opposants dans le jardin de 8 000 m². «  Vous devriez avoir honte !  » crie une militante sur place, encadrée par un cordon de gendarmerie. Le bruit des troncs qui craquent et s’écroulent sur le sol tire des larmes à plusieurs opposants à l’A69, qui assistent, impuissants, à cette scène. (...)

Dans leurs cabanes perchées, les écureuils empêchent toujours la pelleteuse et les bûcherons d’abattre certains arbres. (...)

Sur le toit de la maison, la dizaine de militants présents comptent également résister dans la durée. En hauteur, ces opposants devront probablement être également délogés par la Cnamo, la cellule de la gendarmerie spécialisée dans les opérations périlleuses, et cela risque de prendre du temps.

« Même s’ils avancent avec leurs pelleteuses, on ne bougera pas. Cette autoroute est trop injuste socialement, avec ce qu’ils font subir à Alexandra notamment, et écologiquement avec tous ces écosystèmes détruits, pour qu’on abandonne maintenant. On résistera jusqu’au bout », crie à Reporterre un autre écureuil depuis son arbre.

Lire aussi :
 (Podverse/France Culture/Les Pieds sur terre)
L’irréductible Alexandra et l’autoroute A69
Ecouter le podcast (28’)

 (club de Mediapart/ Mouais, le journal dubitatif)
A69 : Thomas Brail, un arboriste en lutte contre une autoroute absurde

Ce lundi, la police a réprimé le dernier bastion d’opposition au projet d’autoroute A69 entre Castres et Toulouse. Connu pour ses actions pour protéger les arbres, Thomas Brail, grimpeur arboriste devenu l’une des figures de proue du mouvement contre ce projet absurde. En grimpant aux arbres notamment, comme dans son métier, et parfois jusqu’à la grève de la faim et de la soif. Entretien. (...)

st-ce que la contestation peut faire reculer le projet malgré les contrats signés ?

On avait un peu espoir avec le Nouveau Front populaire, car ils se sont positionnés contre (bien que Carole Delga, présidente de la région Occitanie, défend le projet – N.D.LR.). Mais on voit bien qu’il y a un net recul des politiques aujourd’hui. On a l’exemple de Sivens qui s’est arrêté car il y a eu une catastrophe (mort de Rémi Fraisse par une grenade - N.D.L.R.). On espère que ça ne va pas en arriver là, mais on a toujours espoir que les recours sur le fond nous donnent raison. Maintenant, il est vrai qu’on a un sérieux problème avec les juridictions de la région. Tous les recours que l’on porte au tribunal sont toujours déboutés. Il y a une forte pression politique et des laboratoires Pierre Fabre. Cela pose la question de la séparation des pouvoirs. (...)

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