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Mediapart
L’épouvantable musique militaire qui vient
#militarisme #guerres #armement #Europe
Article mis en ligne le 1er février 2024
dernière modification le 30 janvier 2024

Un bruit de guerre hante l’Europe, saturée de discours martiaux qui semblent appeler de leurs vœux un conflit sous couvert d’y parer. L’époque se rapproche de ces moments incontrôlables que furent 1914 et 1939, tandis que se gargarisent nos (ir)responsables.

(...) La lutte armée se profile sur l’ensemble du continent européen, serinent des voix qui s’élèvent de partout ; du monde politique comme du champ (presque déjà de bataille) militaire.

L’une des premières salves est lancée par Thierry Breton. Le 9 janvier 2024, lors d’un raout au Parlement européen, le commissaire au marché intérieur raconte comment, quatre ans auparavant, au sommet de Davos en Suisse, il entendit Donald Trump vider son sac face à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen : « Vous devez comprendre que si l’Europe est attaquée, nous ne viendrons jamais pour vous aider ni vous soutenir. »

Six jours plus tard, le 15 janvier, Thierry Breton détaille son projet de créer un fonds de 100 milliards d’euros en faveur de la défense européenne afin « d’augmenter les capacités de productions d’armes après avoir trop désinvesti ». (...)

le ministre de la défense britannique, Grant Shapps, avait lugubrement affirmé : « Nous avons bouclé la boucle et nous sommes passés d’un monde d’après-guerre à un monde d’avant-guerre. » Avant d’ajouter qu’il fallait obliquer de l’idéalisme vers un réalisme à toute épreuve, face à la furie poutinienne.
Torche à la main

Le ton martial est général, de la Roumanie et la Moldavie à la Norvège, la Finlande et la Suède (où le commandant en chef des forces armées, le général Micael Bydén, a invité la population « à se préparer mentalement » à un conflit), en passant par les trois Républiques baltes et la Pologne, sans oublier la République tchèque ayant à sa tête le général Petr Pavel.

Chaque (ir)responsable paraît à travers l’Europe avec sa torche à la main tout en criant au feu – les variations rhétoriques d’Emmanuel Macron sur le « réarmement », qu’il soit civique ou démographique, ajoutant à l’horreur subliminale à l’œuvre.

Seuls prônent la paix – sur le dos de l’Ukraine – les deux pays européens satellites du Kremlin : la Hongrie de Viktor Orbán et la Slovaquie de Robert Fico, barbotant dans la démagogie nationale-populiste, sur fond de corruption galopante. (...)

comme devait le noter l’historien Jean-Jacques Becker, « ce qui a le plus surpris dans l’éclatement de la guerre de 1914, c’est sa rapidité. Jaurès, comme les autres dirigeants socialistes, croyaient que les peuples disposeraient de temps pour réagir, ce qui rendait l’utopie moins utopique ».

Ne nous laissons pas encore une fois surprendre, ni méduser, ni même museler par l’enchaînement belliqueux.