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JO 2024 : des sans-abri et migrants ont occupé le temps d’une soirée la place de la Bastille à Paris
#JO2024 #nettoyagesocial #Paris #hébergements #expulsions #migrants #immigration
Article mis en ligne le 10 août 2024
dernière modification le 8 août 2024

Ce mardi 6 août, un peu plus d’une centaine de personnes, sans-abri et migrantes, ont rejoint l’occupation d’une partie de la place de la Bastille débutée en juin par des personnes en attente de logement social, épaulées par l’association Droit au logement. Elles ont été évacuées par la police en début de soirée.

Environ "250 personnes" étaient présentes mardi 6 août, en fin d’après-midi, sur la place de la Bastille pour dénoncer les expulsions des populations précaires de la capitale en marge des Jeux olympiques, explique Yann Manzi, fondateur de l’association Utopia56. Après 4h sur place, elles ont été dispersées par les forces de l’ordre. Il était 21h.

"Je n’ai nulle part où dormir"

Au milieu des tentes multicolores figuraient des dizaines de migrants et mineurs non accompagnés (MNA) qui espéraient profiter de cette mobilisation pour avoir un endroit où passer la nuit. (...)

Mais le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, en a décidé autrement en publiant un arrêté quelques heures seulement après l’arrivée des sans-abri. L’arrêté d’interdiction invoque une "urgence à agir" dans le cadre de la sécurisation des Jeux olympiques, afin de "garantir la protection des personnes et des biens contre les risques d’attentat dans un contexte de menace terroriste aigüe". (...)

Ainsi, les policiers ont évacué la place aux alentours en milieu de soirée, retirant tente par tente les installations des associations, poussant les exilés à "une nuit d’errance".

"Après s’être à peu près regroupées dans un petit jardin public à proximité du Boulevard de la Bastille, les familles ont passé la nuit dehors avec quelques couvertures sous les arches de la Cité des Arts à Pont Marie", explique un porte-parole du Revers de la médaille à InfoMigrants. Selon l’association d’aide aux migrants, aucune proposition d’hébergement n’a été faite aux personnes présentes. Un "référé liberté a été introduit" pour annuler l’arrêté et reprendre la manifestation place de la Bastille.

Ce mercredi à la mi-journée, plusieurs dizaines de personnes étaient toujours dans un parc près de la place de la Bastille. "On ne sait absolument pas où aller mais on va rester là le plus longtemps possible", précise à InfoMigrants Yann Manzi, qui ajoute que parmi les familles à la rue, les mineurs étrangers ou les personnes soutenues par le DAL, "absolument aucune personne n’a été prise en charge".

"On nous dit sans cesse d’aller ’ailleurs’. Je ne sais pas si c’est une ville, un pays ou autres mais ça fait des années qu’on cherche, on a toujours pas trouvé où c’était", ironise M. Manzi, résigné. (...)

"On se fout de nous"

En installant ce campement, les associations dénonçaient une "augmentation des expulsions locatives en raison de loyers trop chers". Le porte-parole du DAL, Jean-Baptiste Eyrault, s’insurge contre le "nettoyage social" opéré en marge des Jeux olympiques et le manque de place d’hébergement d’urgence pour les publics à la rue. De son côté, la préfecture de région rappelle que 120 000 places d’urgence sont ouvertes chaque nuit en région parisienne et que 216 places d’hébergement pérennes supplémentaires ont été créées.

Selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre en février, le nombre de personnes à la rue a augmenté, en particulier celui d’enfants. Plus de 8 300 personnes, dont 2 800 mineurs, ont été refusées chaque soir par le 115 à l’automne dernier, contre 6 300 un an plus tôt. (...)

"La préfecture a ouvert 200 places alors qu’on en demandait 7 000 [274 places ont été ouvertes par l’Etat, ndlr] ! Nous, les associations, on reçoit chaque jour des gens qui sont mis à la rue par la police. L’État ne fait pas son job".

L’action du gouvernement est d’ailleurs scruté de près pendant ces Jeux car les associations craignent que "quand toutes les caméras du monde seront parties", l’État ne remette "toutes les personnes à la rue, comme d’habitude", prédit Yann Manzi qui espère "des garanties sur une non-remise à la rue de ces publics à la fin des JO". "Il faut rappeler que les JO c’est la fête pour plein de monde, mais ce n’est pas la fête pour tout le monde et qu’il y a un revers de la médaille que personne ne veut voir".