
Dans cet épisode, Esther, 58 ans, qui a connu la prostitution à partir de ses 45 ans suite à de la violence conjugale, nous parle de l’illusion de pouvoir qu’elle avait alors qu’elle était dans le système, et de la réalité de la violence qu’elle subissait. Elle parle aussi d’un système où règne le mensonge, l’illusion, l’exploitation de la vulnérabilité. Esther est anglophone, elle a enregistré en français, qu’elle parle couramment. Si vous souhaitez l’écouter avec des sous-titres, rendez-vous sur Youtube.
Ecouter le podcast (sur Invidious, sans pistage)
LA VIE EN ROUGE est un podcast inédit entièrement conçu et réalisé par des femmes ayant connu la prostitution, sept survivantes âgées de 22 à 67 ans.
Sept femmes qui souhaitent faire entendre leurs voix, elles qui ont connu la prostitution, s’en sont sorties et veulent aujourd’hui dire la réalité de ce système.
Cette série de 18 épisodes, enregistrée dans le studio de la Cité Audacieuse, a été entièrement pensée, réalisée et produite par ces femmes : des témoignages au titre, en passant par l’enregistrement, elles se sont emparées de l’outil et ont peaufiné tous les aspects de ce podcast avec un objectif principal : faire entendre au plus grand nombre leurs vécus du système prostitutionnel.
Ces prises de parole fortes sont aussi les récits de femmes aux profils et aux âges divers, et aux histoires personnelles singulières qui, parfois, se croisent.
Leur parole, celle des premières concernées, est précieuse et inédite. Elles ne cherchent pas à enjoliver leur vécu. Loin de la rhétorique du “travail du sexe”, la réalité qu’elles décrivent est toute autre : un monde de violences sexistes et sexuelles.
Elles parlent aussi de l’après prostitution, les conséquences, la difficulté d’en sortir, mais aussi de leurs rêves, leurs espoirs, personnels et politiques.
Car si ces sept femmes ont imaginé ce podcast, c’est aussi pour que leur parole résonne auprès d’autres personnes en situation de prostitution, que celles-ci se reconnaissent comme telles ou pas, se pensent comme victimes, survivantes ou pas. Pour qu’elles puissent aussi, à leur tour, prendre la parole, pourquoi pas lors d’une saison 2 de La Vie en Rouge.
Lire aussi :
– (Entre les lignes, entre les mots)
Nous répondons à Sean Baker : CANNES EST EN FRANCE !
Nous, responsables d’associations abolitionnistes de la prostitution, réagissons au discours de Sean Baker, réalisateur de Anora, quand il a reçu, le 25 mai 2024, la Palme d’or pour ce film.
Il a dédié cette récompense « à toutes les travailleuses du sexe passées, actuelles et à venir ».
Nous partageons son souci de rendre hommage aux personnes qui sont dans la prostitution, trop souvent oubliées, et de leur témoigner notre solidarité.
Toutefois, nous sommes en désaccord avec l’expression « travailleuses du sexe » qui normalise l’enfermement de femmes dans la violence d’un système planétaire d’exploitation sexuelle
Aux États-Unis, d’où vient Sean Baker, l’expression sex workers est courante, et on l’emploie sans avoir conscience qu’il s’agit aussi du langage des proxénètes.
Mais Cannes est en France. Dans le pays où Sean Baker a prononcé son discours, la loi Olivier-Coutelle de 2016 fait une tout autre analyse du système prostitueur : elle considère que les personnes prostituées ne sont pas des « travailleuses », mais des victimes de violences ; elle leur propose un accompagnement pour sortir de la prostitution si elles le désirent ; elle prévoit des campagnes de prévention pour les mineur·es ; enfin, elle innove en mettant l’accent sur la responsabilité centrale des hommes qui paient pour un acte sexuel et sont passibles d’une contravention, comme en Suède et dans des pays de plus en plus nombreux.
C’est l’argent de ces clients-prostitueurs qui enrichit les proxénètes et les trafiquants. C’est pour satisfaire leurs exigences que ces derniers gèrent des réseaux internationaux et esclavagisent des êtres humains.
Être solidaire avec les personnes en situation de prostitution, c’est refuser le cliché du « conte de fées », expression employée dans la presse à propos du film. Ce n’est pas imaginer qu’il y en ait « à venir », car ce serait la pérennisation d’un système qui violente et détruit des millions de personnes à travers le monde, en majorité des femmes et des filles parmi les plus marginalisées.
Pour entendre la réalité des violences qu’elles ont subies, vous pouvez écouter des survivantes qui témoignent dans « La vie en rouge », podcast qu’elles ont conçu et réalisé.