
(...) Elles s’enfuient avec leur enfant victime de violences sexuelles pour le protéger de leur père : « Les Jours » enquêtent sur ces mères devenues hors la loi. (...)
Une longue cavale vient de commencer. Les kilomètres défilent, les péages d’autoroute se succèdent. « On était bouffées par l’angoisse, se souvient Brigitte. Mais Louise, elle, était soulagée à l’idée de partir : c’est ce qui nous a fait tenir. » Une dizaine d’heures plus tard, le port de Barcelone se dessine au loin. Deux mois avant, lors des vacances de Noël, elles ont repéré une destination, « au cas où » : Majorque. « Par chance, on trouve des places sur le dernier bateau du jour », se remémore Gladys, le cœur encore battant. Il est 6 heures du matin quand toutes trois débarquent enfin sur l’île espagnole. Un complice les accueille et leur tend les clés de leur refuge temporaire : un logement saisonnier vide. La veille, Gladys a perdu l’autorité parentale de son enfant, Louise. « La rendre à son père, c’était devenir complice : à choisir, j’ai préféré tout quitter. »
Pour protéger sa fille victime d’inceste, Gladys a fini par s’affranchir des lois et des tribunaux, ainsi que l’ont fait des dizaines d’autres mères aux parcours similaires avec lesquelles Les Jours ont noué contact ces cinq dernières années. Hors la loi pour les institutions, ces femmes sont pourtant épaulées par certains réseaux professionnels, au nom de la protection de l’enfance, flirtant parfois avec l’illégalité. (...)