Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Infomigrants
Italie : Alaji, ce Sénégalais condamné pour trafic de migrants qui crie à l’erreur judiciaire
#italie #migrants #passeurs
Article mis en ligne le 17 mars 2024
dernière modification le 15 mars 2024

Il y a huit ans, Alaji a été condamné à de la prison ferme pour trafic de migrants et pour homicide volontaire. Le canot sur lequel il avait pris place a sombré en mer entraînant la mort de plusieurs exilés. Le Sénégalais, analphabète, a purgé sa peine, mais continue de clamer son innocence. Avec l’aide de l’association italienne Baobab Experience, il tente aujourd’hui d’obtenir réparation.

Alaji a 32 ans. Arrivé en Italie il y a une dizaine d’années, il a traversé la mer Méditerranée dans l’espoir de trouver du travail en Europe pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille restée au Sénégal. Contrairement à nombre de ses compatriotes, il ne parle pas le français et s’exprime uniquement en mandingue.

À son arrivée en Italie, Alaji ne savait ni lire ni écrire. C’est le témoignage d’un autre migrant qui l’a conduit en prison. Le bateau sur lequel il voyageait s’est brisé pendant la traversée, explique Alice Basiglini de l’organisation italienne d’aide aux migrants Baobab Experience. Plusieurs personnes sont mortes suite au naufrage.

Lors de son procès à Tarente en 2017, dans les Pouilles au sud de l’Italie, Alaji et un autre migrant gambien sont condamnés à sept ans de prison pour trafic de migrants et homicide. Désormais libre, Alaji continue à clamer son innocence.

"Le seul témoin qui accuse Alaji d’avoir navigué le bateau se trouvait en fait sur une autre embarcation un peu plus loin... Il faisait également nuit pendant la traversée, si bien qu’au-delà de la distance qui séparait ces deux bateaux, il aurait été impossible de voir qui tenait réellement la barre", précise Alice Basiglini. (...)

Le phénomène des "faux passeurs", c’est-à-dire de personnes condamnées pour trafic alors qu’elles n’ont aucun lien avec les bandes criminelles qui organisent les traversées est bien connu en Italie. (...)

"Mais en fait, ceux qui tiennent la barre des bateaux n’ont rien à voir, ou si peu, avec les trafiquants", assure Alice Basiglini.
Une erreur judiciaire ?

Les personnes qui conduisent les canots sont souvent celles qui ont le moins de moyens financiers et qui ont accepté d’assumer cette responsabilité contre la gratuité de la traversée - ou à moindre coût.

Dans d’autres cas, des migrants se retrouvent à la place du capitaine parce qu’ils ont déjà une certaine expérience de la mer. Les personnes originaires du Sénégal ou de la Gambie, deux États côtiers, sont d’ailleurs surreprésentés dans ce type de poursuites judiciaires en Italie. (...)