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Revolution Permanente
Israël, pointe avancée de la contre-révolution
#israel #palestine a #genocide #contreRevolution
Article mis en ligne le 19 septembre 2025
dernière modification le 16 septembre 2025

Depuis deux ans, le génocide à Gaza attise, aux quatre coins de la planète, les tendances les plus réactionnaires : du Sahara occidental au Cachemire occupé par l’Inde, en passant par la construction du musulman comme un ennemi mondial et la course à la militarisation, Israël agit comme un accélérateur du pire. Il faut le stopper !

Dans toute situation internationale convulsive, il y a des maillons faibles mais aussi des éléments accélérateurs qui, surchargés d’énergie réactionnaire, agissent comme des facteurs d’instabilité et qui précipitent l’arrivée de catastrophes mondiales.

Avant la Première Guerre mondiale, l’impérialisme allemand avait assumé ce rôle. Convoitant l’Égypte, aux mains de l’impérialisme britannique, et les possessions françaises au nord de l’Afrique, il avançait à une vitesse décuplée ses positions en Turquie et au Maghreb. Les vieux impérialistes ont alors décidé d’entraîner l’Europe dans la boue des tranchées pour régler son compte au nouvel arrivant.

Mais au-delà des puissances impérialistes elles-mêmes, ce sont parfois les États qui leur servent de relais régionaux qui agissent comme des forces d’accélération, attisent les tendances les plus réactionnaires de la situation actuelle. C’est à cette catégorie qu’appartient Israël.

À l’instar de la fenêtre d’Overton, les actions d’Israël à Gaza, en Cisjordanie et dans tout le Moyen-Orient élargissent chaque jour le champ de ce que les États capitalistes sont capables de faire de pire. En massacrant les Gazaouis, Israël ne tente pas seulement de régler son « problème palestinien » une fois pour toutes, il fait surtout du génocide et du nettoyage ethnique une option parmi d’autres à disposition d’autres États coloniaux et de leurs parrains impérialistes pour gérer leurs propres « problèmes ».

Dans ce dossier, on ne peut qu’évoquer la monarchie marocaine, qui parle du Sahara occidental comme Israël parle de la Cisjordanie. En plus d’organiser des entraînements militaires communs avec l’armée génocidaire, les liens économiques entre Tel Aviv et Rabat sont florissants, notamment les contrats d’armement. (...)

Au premier rang des États qui applaudissent les « méthodes d’Israël », il y a aussi, et bien sûr, l’Inde de Modi. Une relation fusionnelle unit le sionisme au suprémacisme hindou, dont les premiers théoriciens comme V.D. Savarkar ou M.S. Golwalkar regardaient avec admiration la colonisation sioniste pour penser l’« Akhand Bharat », « l’Inde indivise », qui réunirait tout le sud-est de l’Asie sous sa domination. Partisan de cette version hindoue du « Grand Israël », Modi n’a eu de cesse d’appliquer les méthodes de l’État colonial pour réprimer la population cachemirie et, de manière plus générale, la minorité musulmane du pays. (...)

Israël participe aussi de la dynamique de construction du musulman comme un ennemi mondial, mêlant les thèses néoconservatrices du choc des civilisations et la rhétorique de la « guerre contre le terrorisme » à son projet génocidaire en Palestine. Une manière de gagner le soutien de l’extrême droite internationale qu’Israël « absou[t] de son antisémitisme passé et présent afin de s’entendre avec elle sur le terrain de l’islamophobie, cible prioritaire actuelle de son racisme et de sa xénophobie », comme le note Gilbert Achcar, et réhabilite politiquement.

Si ces dynamiques sont moins intenses à mesure que l’on s’éloigne de l’épicentre indien ou israélien, l’accélération est indéniablement perceptible. Une dynamique qui s’illustre en France par les déclarations de l’état-major militaire contre les « hordes barbares » des quartiers populaires, les rafles orchestrées par Retailleau, qui s’est distingué récemment en criant « à bas le voile » lors d’un meeting d’extrême droite, ou encore les réunions du Conseil de défense consacré à « l’entrisme islamiste » et autres délires complotistes.

Mais en France, la solidarité avec Israël va au-delà du mariage bâtard entre l’islamophobie et la répression des soutiens de la Palestine – un autre trait commun avec l’Inde de Modi. Elle infiltre également la question militaire alors que l’impérialisme français est confronté à des mouvements de contestation dans ses propres colonies, notamment en Kanaky où la jeunesse kanak s’est révoltée contre le colonialisme de peuplement et le dégel du corps électoral. (...)

Israël joue également un rôle d’accélérateur sur le terrain de la militarisation, alors que son armée a bombardé la quasi-totalité des pays de la région, jusqu’à la petite monarchie qatarie, dont le silence écrasant sur le génocide des Palestiniens et ses liens avec l’impérialisme étasunien n’auront pas suffi à la protéger. Mais c’est dans le cas de l’Iran que cette dynamique est la plus nette : d’une violence inouïe, l’agression d’un pays qui était en pleine négociation avec l’impérialisme étasunien ne peut qu’encourager des phénomènes de prolifération nucléaire en chaîne. Face à un adversaire qui ne respecte rien et qui jouit d’une impunité totale, l’arme ultime apparaît comme la seule protection véritablement efficace pour des régimes bourgeois dominés par l’impérialisme. Alors que les équilibres de la région sont totalement désarticulés et qu’une nouvelle confrontation entre Israël et l’Iran est tout sauf impossible, l’aventurisme israélien pourrait encore aggraver l’instabilité mondiale.

En un mot, le génocide à Gaza et ses conséquences régionales sont d’ores et déjà en train de changer en profondeur le monde dans lequel nous vivons. Gaza n’est que le début et la porte d’entrée d’un tunnel historique qui nous conduit tout droit à la catastrophe. Cette dynamique n’a rien d’inéluctable, à condition d’y répondre avec des méthodes à la hauteur de la situation. (...)

Si Israël joue un rôle central dans la domination impérialiste du Moyen-Orient et si le soutien de ses principaux alliés n’est pas remis en question, ses actions ont provoqué des mobilisations jusqu’au cœur des États impérialistes et menacent de fragiliser sérieusement les régimes arabes complices du génocide. Et cela d’autant plus que le cabinet de sécurité met à l’ordre du jour, avec le soutien de Trump, l’occupation totale de l’enclave et la déportation ou l’extermination des Gazaouis.

Plus largement, la violence inimaginable du génocide à Gaza et son rôle dans l’accélération des tendances réactionnaires pourraient provoquer des mouvements de lutte des classes au Moyen-Orient et ailleurs, tout en liant les peuples opprimés par l’impérialisme. La réaction de solidarité avec les flottilles pour Gaza en témoigne : des raffineurs brésiliens aux dockers de Barcelone et de Gênes, qui se sont mis en grève pour dénoncer les attaques contre les flottilles à Tunis, la mobilisation ouvrière pourrait avoir une force contagieuse. Ces tendances inquiètent les impérialistes qui n’hésitent pas à agiter la solution à deux États pour canaliser les mobilisations et offrir du temps à Netanyahou tout en continuant de soutenir Israël par d’autres moyens, comme la France qui s’apprête à reconnaître un État de Palestine, le 22 septembre, tout en réprimant férocement les soutiens de la Palestine et en poursuivant les livraisons d’armes à Israël.

Face à l’urgence de la situation, la « petite politique » qui parie sur la force de la diplomatie et la nécessité de hisser au pouvoir des coalitions progressistes pour peser sur la politique étrangère des vieux États impérialistes est une impasse. Le génocide à Gaza, la dépossession des peuples sahraoui et cachemiri sont autant de démonstrations de l’impuissance totale du droit international, débordé par les propres puissances qui l’ont mis en place. (...)