
Alors que la procureure générale de l’État d’Israël avait interdit mercredi soir au Premier ministre Benjamin Netanyahu de nommer le successeur au chef démissionnaire du Shin Bet, le chef du gouvernement israélien a annoncé jeudi avoir choisi pour ce poste le général de division David Zini.
(...) La procureure générale de l’État, Gali Baharav Miara, a réagi en dénonçant un processus de nomination "vicié".
"Le général Zini a occupé de nombreux postes opérationnels et de commandement dans les Forces de défense israéliennes", selon le bureau du Premier ministre, qui mentionne son passé de combattant de l’unité d’élite Sayeret Matkal, ou encore de fondateur de la brigade commando, une unité indépendante.
Fils d’émigrés venus de France et petit-fils d’une survivante du camp d’extermination nazi d’Auschwitz, le général Zini est actuellement chef du commandement de cette formation et du corps d’état-major général.
Le gouvernement le crédite d’avoir rédigé en mars 2023 un rapport exposant les failles de l’armée israélienne en cas "d’incursion surprise" en Israël à partir de la bande de Gaza.
"Conflits d’intérêts"
Gali Baharav-Miara, avait interdit mercredi soir à Benjamin Netanyahu de nommer en l’état un successeur au chef démissionnaire du Shin Bet, Ronen Bar.
Arguant d’un "conflit d’intérêts" du Premier ministre dans cette affaire, elle avait justifié sa décision en s’appuyant sur un arrêt rendu le même soir par la Cour suprême et jugeant "contraire à la loi" la décision prise en mars par le gouvernement de limoger Ronen Bar. (...)
Mais le chef de l’exécutif a campé sur sa ligne affirmant qu’il avait bel et bien l’intention de proposer un candidat au vote du gouvernement.
Benjamin Netanyahu affirme que le gouvernement peut décider à sa guise de nommer et renvoyer le chef du Shin Bet, auquel il reproche de n’avoir pas su empêché l’attaque sanglante du Hamas contre Israël, qui a le 7 octobre 2023 la guerre à Gaza.
En réaction, le chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid, a appelé David Zini à refuser de prendre la direction du Shin Bet. "Netanyahu est dans une situation de grave conflit d’intérêt", écrit le chef du parti Yesh Atid (centre-droit) sur X. "J’appelle le général Zini à annoncer qu’il ne peut pas accepter cette nomination tant que la Cour suprême ne s’est pas prononcée sur cette affaire, ajoute-t-il.
De son côté, une ONG luttant pour la transparence politique en Israël a indiqué son intention de contester cette nomination devant la Cour suprême du pays. (...)
"Dans les prochains jours, nous soumettrons une nouveau recours à la Haute Cour de justice contre cette nomination invalide et nous continuerons à résister fermement aux tentatives de défier le système judiciaire"
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L’armée israélienne a ordonné jeudi aux habitants d’évacuer 14 quartiers dans le nord de la bande de Gaza et a poursuivi ses bombardements. Selon la Défense civile locale, 52 personnes ont été tuées dans la journée. Israël fustige les critiques internationales sur l’intensification de son offensive, le Premier ministre Benjamin Netanyahu accusant Paris, Londres et Ottawa d’encourager "les meurtriers de masse du Hamas" à combattre. (...)
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a dit avoir pu alimenter quelques boulangeries, dans le sud et le centre, permettant de faire "du pain frais pour la première fois depuis plus de deux mois".
Mais un "petit nombre" des camions ont été "interceptés" par des habitants affamés, une sorte d’"autodistribution" qui "reflète le niveau élevé d’angoisse" des Gazaouis, a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU.
Il a déploré des livraisons insuffisantes pour répondre aux besoins de la population.
La distribution de l’aide sur le terrain est aussi compliquée, selon les organisations humanitaires par les conditions imposées par Israël et sécuritaires.
Hossam Abou Aïda, un Palestinien déplacé à Gaza dit se "ronger les sangs" pour ses enfants. "Pour eux, je crains plus la faim et les maladies que les bombardements israéliens."
Israël dénonce une "incitation à la haine"
Face à la situation humanitaire catastrophique et l’intensification de ses opérations militaires israéliennes, Israël est confronté à des pressions européennes accrues pour faire taire les armes. (...)
Le gouvernement israélien se dit prêt à accepter un cessez-le-feu temporaire permettant de libérer des otages, mais l’option est rejetée par le Hamas, qui réclame pour libérer ses captifs la fin de la guerre et un retrait total israélien de Gaza. (...)