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Revolution Permanente
Intimidations, exclusions : Sciences Po, le laboratoire de la répression des soutiens à la Palestine
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #sciencepo #repression
Article mis en ligne le 15 mai 2025
dernière modification le 13 mai 2025

(...) Fin avril, la direction de Sciences Po a, une fois de plus, répondu aux étudiant·es mobilisé·es pour la Palestine par une répression brutale. Trois nouveaux·elles élèves ont été exclu·es de l’école. Si les précédentes exclusions avaient été prononcées pour un mois, cette nouvelle vague de suspensions est à durée indéterminée, le temps que la section disciplinaire statue sur leur dossier. Or, d’après France Culture, ce sont déjà plus d’une cinquantaine d’étudiant·es que Luis Vassy, le directeur de l’école, a choisi de renvoyer devant cette instance, qui sanctionne les étudiant·es en cas de « comportement susceptible de nature à porter atteinte à l’ordre, au bon fonctionnement, ou à la réputation de l’établissement ». Aujourd’hui, environ 45 dossiers sont en attente de traitement pour une section qui en traite habituellement dix à quinze par an.

Pire encore, lorsque la section disciplinaire n’est pas assez sévère selon les critères de la direction, Luis Vassy n’hésite pas à faire appel de la décision devant les juridictions administratives. Et lorsqu’il le fait, il s’empresse d’en informer le Sénat pour rassurer une bourgeoisie qui s’inquiète des « dérives » de l’école, et souhaite que Vassy s’attèle à « améliorer la bonne tenue » de l’institution.

Isoler, intimider, exclure : le trio gagnant de la direction

Cette nouvelle vague de répression s’inscrit dans une politique ultra-répressive menée par la direction de Sciences Po depuis des mois. (...)

C’est un outil initialement utilisé pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, qui est ici employé pour évincer les étudiants mobilisés pour la Palestine dans leurs lieux d’étude, comme l’explique l’Union étudiante.

Mais ces exclusions ne sont pas les seules armes que la direction utilise depuis les toutes premières mobilisations. (...)

Dernière stratégie de la direction : imposer sa version du récit auprès des étudiant·es et de l’opinion publique, pour tenter d’isoler le mouvement de solidarité au peuple palestinien des étudiant·es plus largement et d’empêcher tout soutien aux mobilisations. Après chacune d’entre elles, la direction cherche à imposer un récit calomnieux, condamnant les « logiques d’intimidation, de prise de contrôle » d’une minorité d’étudiant·es, voire les « faits à caractère antisémite » dans des mails à destination de l’ensemble des étudiant·es et du personnel de l’école. Cette bataille du récit, Vassy n’hésite pas à la mener aussi dans les médias, chez France Inter ou encore à Radio Classique, où il déplore « un petit groupe d’individus qui veulent imposer un rapport de force », faisant peser des « menaces sur la liberté d’expression ». (...)

L’arsenal déployé par la direction de Sciences Po place l’école à l’avant-garde de la répression. Luis Vassy entend ainsi apparaître comme le bon élève du gouvernement, en déclinant ses méthodes au sein même de l’école. Il faut dire que Gabriel Attal, alors Premier ministre, avait pris la mouche après les premières occupations de campus en mars 2024 et s’était empressé d’intervenir en Conseil d’administration. Il avait alors déploré « une forme de pente, de dérive, liée à une minorité agissante et dangereuse à Sciences Po » avant de donner quelques conseils à la direction de l’école : « il faut inverser cette pente. Il faut inverser cette pente pour l’école, il faut inverser cette pente pour l’État, il faut inverser cette pente pour la République ».

Pour « inverser cette pente » donc, Luis Vassy fait désormais systématiquement intervenir les forces de l’ordre pour expulser les étudiant·es lors d’occupations en soutien au peuple palestinien. Et il a rapidement été imité par les directions des autres universités du pays. (...)

La proposition de loi relative à la lutte contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur a déjà été adoptée au Sénat et devrait être discutée à l’Assemblée nationale début mai. Ce texte viendrait élargir « le cadre d’action des instances disciplinaires » et renforcer les « pouvoirs d’investigation des présidents d’établissements ». En réalité, les présidences d’universités disposeraient ainsi d’un outil supplémentaire pour instrumentaliser la lutte contre l’antisémitisme afin de faire taire celles et ceux qui dénoncent le génocide en Palestine. (...)

Désormais, cette criminalisation du soutien au peuple palestinien est en passe d’entrer dans la loi. Et la boucle est bouclée.
Trump et Macron à l’unisson : il faut préparer à la riposte

La répression du mouvement étudiant est à l’image de la criminalisation du soutien à la Palestine : explosion du nombre de procès pour apologie du terrorisme, interdictions de manifester contre le génocide, annulations de conférence avec des figures du mouvement pro-palestinien, etc. Si en France, ces mobilisations ont marqué un tournant dans la répression du mouvement étudiant et la mainmise du gouvernement sur les directions des universités, cette criminalisation systématique des voix qui s’élèvent contre le génocide ne fait pas figure d’exception à l’échelle internationale. Ce sont toutes les puissances impérialistes qui partent en guerre contre les soutiens au peuple palestinien. A commencer par Trump qui va jusqu’à déporter l’étudiant Mahmoud Khalil, figure du mouvement pro-palestinien de Columbia, qui plus est avec l’aval de la justice. La répression inédite qui s’abat sur les étudiant·es mobilisé·es aux Etats-Unis inspire déjà Macron et son gouvernement.

Plus que jamais, nous devons dénoncer ces politiques répressives, et lutter contre le génocide en Palestine et contre la répression des soutiens au peuple palestinien. C’est pour cela qu’il faudra être nombreux·ses aux côtés d’Anasse Kazib, porte-parole de Révolution Permanente poursuivi pour son soutien à la Palestine, le 18 juin prochain, pour réclamer sa relaxe et celles de tous·es les réprimé·es, et s’opposer aux menaces de dissolutions des associations mobilisées contre le génocide.