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"Inhumain", "illégal"… Vives critiques contre l’accord entre l’Italie et l’Albanie sur l’externalisation des demandes d’asile
#migrants #italie #Albanie
Article mis en ligne le 9 novembre 2023
dernière modification le 8 novembre 2023

Les critiques envers l’accord signé lundi entre l’Italie et l’Albanie n’ont pas tardé. Le texte, qui prévoit de transférer les demandeurs d’asile arrivés sur les côtes italiennes en Albanie, s’est attiré les foudres de l’ONU, de députés italiens, d’Amnesty international ou encore d’associations de sauvetage en mer.

Le partenariat migratoire entre l’Italie et l’Albanie fait déjà l’unanimité contre lui. Dès le lendemain de son annonce, plusieurs instances internationales et ONG ont fait part de leur inquiétude et de leurs doutes.

L’accord, signé lundi 6 novembre entre la Première ministre italienne Giorgia Meloni et son homologue albanais Edil Rama, prévoit que les migrants secourus en mer par les garde-côtes italiens soient transférés immédiatement en Albanie pour y déposer leur demande d’asile. C’est ensuite ce pays, non membre de l’Union européenne, qui aura la charge des exilés.

Mardi, le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) a rappelé dans un communiqué que "les modalités de transfert des demandeurs d’asile et des réfugiés doivent respecter le droit international relatif aux réfugiés". L’agence de l’ONU, qui dit n’avoir "pas été informé ni consulté sur le contenu de l’accord", signale par ailleurs que "la responsabilité première de l’évaluation des demandes d’asile et de l’octroi de la protection internationale incombe à l’État où le demandeur d’asile arrive". (...)

Dans ce cas, c’est donc à l’Italie de traiter les demandes d’asile des personnes arrivées sur son territoire, selon le droit international. Sur ce point, un membre du gouvernement italien a précisé dans le quotidien Corriere della Sera que les migrants seraient emmenés directement vers les centres albanais, construits avec des fonds italiens, sans passer par l’Italie, et que ces structures seraient placées sous l’autorité de Rome en vertu d’"un statut d’extraterritorialité". Mais de nombreuses questions sur le fonctionnement d’un tel projet restent en suspens.

Un accord qui "doit être annulé"

L’ONG Amnesty international s’est fendu d’un communiqué mardi dans lequel une de ses membres, Elisa de Pieri, exhorte les autorités italiennes à "respecter ses obligations en vertu du droit international en matière de non-refoulement et de garantie d’asile". (...)

L’ONG allemande de sauvetage en mer Méditerranée, Sea-Watch, évoque de son côté "une manœuvre inhumaine et populiste sans fondement juridique". (...)

L’ONG International Rescue Committee (IRC) a, quant à elle, fustigé un accord "déshumanisant". "Toute personne a le droit fondamental de demander l’asile, indépendamment de son origine ou de la manière dont elle est arrivée. Cette dernière décision de l’Italie s’inscrit dans une tendance inquiétante qui porte atteinte à ce droit", a insisté Imogen Sudbery, directrice de l’IRC en Europe.

La Commission européenne demande des "informations détaillées" (...)

L’accord n’en est encore qu’au stade de projet, la justice britannique ayant retoqué le texte en appel en juin dernier en raison de son "illégalité". Le texte est examiné devant la Cour suprême, qui n’a encore rendu son verdict.

Reste à savoir si le projet de l’Italie connaitra les mêmes embûches. Plusieurs défenseurs des droits ont déjà annoncé leur intention de saisir la justice italienne pour le faire annuler.