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Inclusion : en Espagne, les inégalités persistent pour les migrants
#Espagne #migants #immigration #inegalites
Article mis en ligne le 23 février 2025
dernière modification le 20 février 2025

L’accès à la santé, à un logement ou au marché du travail reste plus difficile pour les étrangers extra-européens que pour les Espagnols, d’après un nouveau rapport du ministère de la Migration. Et ce, alors que l’immigration a largement bénéficié à l’économie du pays en 2024.

C’est un rapport qui va à l’encontre des discours xénophobes régulièrement prononcés sur les réseaux sociaux ou dans la bouche de certains politiques. Dans son étude publiée mercredi 19 février, le ministère espagnol de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations met en lumière les multiples inégalités subies par la population étrangère dans le pays. Le document liste les difficultés d’accès pour les migrants aux services de base tels que la santé, l’éducation, l’emploi et le logement, par rapport aux Espagnols.

Objectif du rapport ? Aider "les administrations publiques et les organisations de la société civile à développer des stratégies, plans et actions pour l’intégration et l’inclusion des immigrés et demandeurs de protection internationale" et "lutter contre le racisme, la discrimination raciale, et la xénophobie", peut-on lire dans le document.

En 2024, la croissance du produit intérieur brut (PIB) de l’Espagne a atteint 3,2%, soit l’un des plus hauts taux de l’Union européenne, notamment grâce à l’apport des travailleurs étrangers à l’économie du pays. Dans certains secteurs, ils représentent près de 50% de la main-d’œuvre. Le gouvernement planche donc sur la création de politiques publiques qui favorisent leur inclusion dans la société. (...)

En 2024, le gouvernement a tenté de réduire les écarts. En mai, il a approuvé le projet de loi garantissant l’accès à la santé à tous les exilés résidant dans le pays, y compris les sans-papiers. Les personnes arrivées en Espagne via le regroupement familial, les demandeurs d’asile et bénéficiaires d’une protection temporaire sont aussi concernés.

L’universalité des soins de santé avait été entravée il y a plus de dix ans par une loi promulguée à l’initiative du Parti populaire (droite). "Nous voulons bannir à jamais l’exclusion sanitaire […] introduite en 2012" et "refermer cette blessure", avait déclaré la ministre de la Santé, Mónica García. (...)

À noter en revanche, l’Espagne affiche le taux d’activité des étrangers le plus haut de l’UE. D’après la Banque nationale, le taux d’emploi des exilés - qui disposent d’un titre de séjour dans le pays - s’élève à 78 %, devant l’Allemagne (73 %), l’Italie (71 %) et la France (70 %). Des chiffres rendus possibles grâce à un contexte économique post-pandémie favorable. Depuis 2020, "l’accès à l’emploi des migrants s’est accéléré", note cette étude.

Une situation qui s’explique en partie par les mesures prises par Madrid pour faciliter l’accès à l’emploi des exilés qui s’installent sur son territoire. En septembre 2022, le gouvernement a validé une réforme permettant à des milliers d’entre eux d’accéder au marché du travail. Celle-ci a notamment permis aux personnes en situation irrégulière mais qui peuvent justifier d’un séjour dans le pays d’au moins deux ans d’obtenir un titre de séjour de 12 mois, à une condition : effectuer une formation dans les secteurs qui manquent de main-d’œuvre.
"Victimes d’un système"

Les premières victimes des inégalités soulevées dans le rapport restent les personnes en situation irrégulière sur le sol espagnol. Parmi ces sans-papiers, il y a "des familles avec des enfants qui ne peuvent pas accéder à la santé ou à l’éducation", "victimes d’un système pervers qui les maintient dans l’extrême précarité", avait dénoncé Lamine Sarr à InfoMigrants, membre du mouvement Regularizacion Ya.

Le groupe est à l’origine d’une pétition citoyenne de 700 000 signatures, réclamant la régularisation des sans-papiers en Espagne. (...)