
C’est une affaire qui risque de faire parler d’elle. Le célèbre fabricant d’imprimantes HP est visé, en France, par une plainte pour délit d’obsolescence programmée. Dans le viseur, les pratiques de la marque avec ses cartouches d’encre, entre autres.
Qui n’a jamais pesté face à des problèmes de cartouches d’encre sur son imprimante ? Depuis longtemps perçu comme un symbole flagrant de notre perte de contrôle collective sur le numérique, le marché des cartouches risque de vivre un petit séisme. L’association Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) a en effet annoncé porter plainte contre le fabricant HP pour délit d’obsolescence programmée.
Alors que le leader mondial du secteur des imprimantes tente aujourd’hui de transformer son business en vendant des abonnements plutôt que des cartouches comme ce fut longtemps le cas, l’entreprise se traîne un historique peu glorieux.
En 2016, la firme avait par exemple tenté de brider ses imprimantes pour obliger les utilisateurs et utilisatrices à utiliser des cartouches "officielles" approuvées par HP. Rebelote en 2024 ou le fabricant a été la cible d’une action de groupe aux États-Unis pour les mêmes raisons. Ajoutez à ça les plaintes fréquentes des utilisateurs et utilisatrices sur les tampons absorbeurs supposément pleins et autres impressions impossibles pour cause de manque de cyan, et vous obtenez un marché qui a longtemps crispé les internautes en tout genre.
Un "ras le bol général"
"Sur les imprimantes, on remarque comme un ras le bol général". (...)
Plus concrètement, HOP reproche au fabricant de limiter l’utilisation de certaines cartouches tierce ou de seconde main ou de carrément de "bloquer […] l’ensemble de l’appareil, empêchant l’utilisation du scanner qui pourtant ne requiert pas d’encre pour fonctionner." Loin d’être un bug, ce mariage entre scanner et cartouche est justement au cœur d’une plainte déposée contre HP en 2023 aux États-Unis. D’opaques "mises à jour" rendrait également obsolètes certaines cartouches "d’anciennes générations", déplore HOP. (...)
Selon la plainte de l’association, ces pratiques seraient doublement condamnables. La mise au rebut d’anciennes cartouches serait caractéristique d’une pratique d’obsolescence programmée des produits par voie logicielle, condamné par l’article L441-2 du Code de la consommation. Quant aux "bridage" des cartouches tierces ou reconditionnées que dénonce HOP, la pratique tomberait sous le coup de l’article L. 441-3 qui, lui, condamne "toute technique, y compris logicielle, par laquelle un metteur sur le marché vise à rendre impossible la réparation ou le reconditionnement d’un appareil"
Rappelons que, selon la loi française (qui est une des rares à avoir des dispositions spécifiques visant l’obsolescence programmée), un tel délit peut valoir 2 ans d’emprisonnement, 300 000 €
d’amende ou carrément une peine allant jusqu’à 5 % du chiffre d’affaires moyen annuel. (...)
7500 € le litre d’encre (...)
En parallèle de cette plainte, HOP a également mis en ligne une pétition sur son site pour "permettre aux consommateurs de passer à l’action", selon Flavie Vonderscher. Le but avoué est "montrer au fabricant qu’il y a une mobilisation sur ce sujet" et d’influencer les travaux actuels menés par la Commission européenne sur le sujet. "On veut montrer qu’il y a une vraie préoccupation citoyenne pour que les règles sur l’écoconception ne soient pas rabotées", plaide la responsable.