En 2024, Frontex a détecté près de 240 000 franchissements irréguliers de frontières dans l’Union européenne, soit 38% de moins qu’en 2023. Une nette diminution qui s’explique par des passages beaucoup plus rares sur les routes migratoires des Balkans et de la Méditerranée centrale.
C’est une "baisse significative". En 2024, l’Agence européenne de surveillance des frontières (Frontex) a enregistré plus de 239 000 entrées irrégulières dans l’UE, 38% de moins qu’en 2023. Soit "le niveau le plus bas depuis 2021, lorsque la migration était encore touchée par la pandémie de Covid", a déclaré l’agence dans un communiqué.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) compte, de son côté, 207 200 arrivées dans l’UE en 2024.
Pour rappel, Frontex prend en compte les franchissements irréguliers de frontières, et non les individus. Une même personne peut donc être comptabilisée à plusieurs reprises, à chacune de ses tentatives de passage. (...)
D’après Frontex, cette baisse est en grande partie due à une chute des arrivées par les routes de la Méditerranée centrale - en baisse de 59% - et des Balkans occidentaux. Sur cette voie, les passages ont diminué de 78% en un an.
"Prévenir la criminalité transfrontalière"
Frontex attribue la baisse de ces entrées irrégulières à "la coopération renforcée de l’UE et de ses partenaires contre les réseaux de passeurs". Près de 3 000 agents de Frontex sont déployés aux frontières extérieures de l’UE, soit 500 de plus que l’an dernier. Leur mission ? "Aider les États membres et les pays tiers à gérer les flux migratoires" et "contribuer à détecter et prévenir la criminalité transfrontalière, telle que le trafic de migrants, la traite des êtres humains et le terrorisme", affirme l’organisation.
Ces prochaines années, les moyens humains de Frontex devraient encore augmenter. (...)
Avec un budget colossal de plus de 845 millions d’euros en 2023 contre 6 millions d’euros après sa création, c’est d’ailleurs l’agence européenne la mieux dotée. (...)
Mais ses agissements sont aussi régulièrement dénoncés. Frontex a été plusieurs fois accusée de complicité dans les refoulements de migrants de la Grèce vers la Turquie. En Méditerranée centrale aussi, l’institution est pointée du doigt pour son rôle dans les interceptions de canots par les gardes-côtes libyens.
Mais l’Union européenne semble rester sourde aux critiques (...)
Le nombre de migrants a par ailleurs "triplé" aux frontières terrestres orientales de l’UE, notamment à celle entre la Pologne et la Biélorussie. D’après les chiffres des gardes-frontières polonais communiqués par le média Notes from Poland, 30 090 tentatives de traversée depuis la Biélorussie ont été enregistrées sur l’ensemble de l’année 2024. C’est 16% de plus que les 26 000 enregistrées en 2023.
Les États membres de l’UE situés le long de la frontière orientale de l’Union accusent Moscou et son allié, le régime de Minsk, d’avoir fait passer des milliers de migrants par leurs frontières ces dernières années dans le cadre d’une campagne visant à déstabiliser l’Europe. Des accusations que les régimes concernés ont toujours niées. (...)
Dans la Manche également, les tentatives de traversée ont bondi de 9%. Les décès dans le détroit sont eux aussi en augmentation. En 2024, 77 personnes ont trouvé la mort à cet endroit, un record.