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Ils récoltent du bois et le distribuent aux plus pauvres
#forets #arbres #bois #solidarites #foretchauffante
Article mis en ligne le 1er janvier 2025
dernière modification le 30 décembre 2024

L’association Forêt chauffante, composée de huit bénévoles, récolte du bois abandonné ou malade dans le massif de la Chartreuse et le donne aux personnes qui n’ont pas les moyens de se chauffer.

Chutes abandonnées, arbres malades...

Des chutes laissées après une coupe, des arbres tombés à la suite d’une tempête ou qu’il faut abattre à cause d’une maladie… « Il y a beaucoup de bois disponible, constate Luc Seegner, il suffit de demander l’accord aux propriétaires. [Les donateurs] sont essentiellement des particuliers, j’ai contacté plusieurs mairies mais une seule m’a répondu par la positive ». Ici ce sont les sœurs du monastère qui ont donné les frênes, malades à cause d’un champignon.

« S’ils peuvent avoir une seconde vie auprès de personnes démunies, c’est tant mieux. Le projet est tout simple mais c’est la première fois qu’on nous demande ça, nous avions envie de le soutenir », indique Sœur Agnès. (...)

Pour payer les divers frais, 70 % du bois récolté est donné et le reste est vendu « à prix raisonnable » à des particuliers. Des boîtes du coin ont également mis la main à la poche.

Une fois le tronc découpé en plusieurs rondins, le sexagénaire passe à la hache pour former des bûches. D’un geste à la fois précis et puissant, il travaille vite, on voit qu’il a l’habitude. « J’ai appris grâce à un ami bûcheron, couper du bois me détend. » (...)

orphelin de père et de mère, « je m’en suis sorti dans la vie grâce à des gens qui m’ont tendu la main et j’ai eu envie de rendre la pareille. Laisser des gens crever de froid, ça me rend malade », dit-il sans donner plus de détails. Depuis un an, une douzaine de personnes ont pu remplir leur poêle ou cheminée de bois grâce à l’association.
Chez Martine, « il fait parfois 10 °C »

Cela peut sembler peu. Pourtant, Luc Seegner sait que beaucoup d’autres n’ont pas les moyens de se chauffer. « Les gens entendent parler de l’association grâce au bouche-à-oreille mais une partie n’ose pas demander du bois. La plupart du temps, une personne m’appelle pour aider un proche en situation de précarité. »

Selon une étude de l’Insee publiée cet été, 11,7 % de Français se sont privés de chauffage en 2023. Le bois reste le combustible le moins cher pour se chauffer et 7 millions de personnes en France y ont recours. Or, le prix du stère (1 m3 de bois empilés) a augmenté de 20 % environ entre 2022 et 2024. Il oscille actuellement entre 70 et 150 euros en moyenne, en fonction du type de bois choisi et des régions de résidence.

En cause : la hausse de la demande — liée à l’envolée des prix de l’électricité et du gaz depuis l’hiver 2022 — et l’augmentation des coûts de transport. (...)

Martine nous attend, un gros gilet sur le dos, visiblement heureuse de revoir Luc Seegner. « Je vous apporte du frêne, c’est le top du top, ça brûle très bien », lui annonce-t-il.

À 70 ans, la retraitée qui touche un peu moins de 1 000 euros de pension mensuelle ne peut plus payer son chauffage au gaz depuis trois ans. « Il fait parfois 10 °C dans la maison mais je m’adapte, j’ai une bouillotte, un plaid et je multiplie les couches », sourit-elle avec ses yeux verts, toujours positive. Pendant que Luc Seegner dépose le bois en petit tas devant la porte, l’ancienne assistante maternelle qui vit seule avec son chien Snoopy raconte comment elle doit ruser pour utiliser le moins d’électricité et de gaz possible.
Mots fléchés et bouillotte

« J’ai souscrit un contrat d’électricité Tempo chez EDF, ça me permet d’avoir des prix réduits sauf les jours rouges — 22 fois par an — où c’est majoré. Dans ces cas-là, je n’allume pas la lumière, je me promène dans la maison avec une lampe torche, je n’utilise pas le four, je remplace la TV par les mots fléchés et je ne charge pas mon téléphone », énumère Martine. Si elle a vraiment trop froid, « j’allume quelques minutes mon poêle à pétrole le soir ». Au-delà du chauffage au gaz et de l’électricité, la septuagénaire aux longs cheveux châtains dit avoir « tout réduit », du forfait de téléphone aux croquettes pour Snoopy données par une association.

Lorsqu’elle a entendu parler l’hiver dernier de l’association Forêt chauffante par un ami avec qui elle organise des distributions alimentaires, « je me suis dit alléluia ». Bien que sa cheminée ne chauffe pas toute la maison, « quand les premières flammes apparaissent, c’est un pur bonheur, rien que de les voir, ça me réchauffe ». (...)