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Ils avaient peint un avion en vert : « Votre cause est juste », reconnaît le procureur
#greenpeace #Chine #urgenceclimatique #aviation #greenwashing
Article mis en ligne le 10 février 2024
dernière modification le 9 février 2024

Neuf militants de Greenpeace ont été jugés à Bobigny pour avoir repeint un avion en vert afin de dénoncer le greenwashing. Ils ont défendu la légitimité de leur action, menée au nom de la liberté d’expression.

En situation d’urgence climatique absolue, est-il juridiquement condamnable de dénoncer le mythe de l’avion vert ? Et de le faire en s’introduisant frauduleusement dans une zone sécurisée de l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, en grimpant sur l’aile et le toit d’un avion de la compagnie Air France, d’y déployer des banderoles et de repeindre partiellement la carlingue de vert pour dénoncer symboliquement le greenwashing ?

C’est en tout cas l’action qu’avaient mené neuf militants de Greenpeace, le 5 mars 2021. (...)

La liberté d’expression était au cœur de la ligne de défense des prévenus. Celle-ci ne cesse d’être bafouée par les autorités, en particulier concernant les militants écolos, de plus en plus sévèrement réprimés, s’est inquiétée maître Marie Dosé, l’avocate des prévenus.

Symbole de cette volonté de « criminaliser les militants écologistes » : la rétention des activistes dans des conditions extrêmement difficiles après leur interpellation, selon une procédure entachée d’irrégularités, à tel point qu’un premier procès avait été annulé en novembre 2021. (...)

Maître Marie Dosé a ensuite résumé pourquoi la désobéissance civile, scrupuleusement non violente, était un mode d’action constitutif des démocraties modernes, protégé par la jurisprudence. Notamment par celle de la Cour européenne des droits de l’homme, qui estime que les ONG peuvent être considérées comme des « chien de garde publics ». (...)

« Si on veut respecter l’objectif de 1,5 °C, il faudra diminuer drastiquement le trafic aérien » (...)

Fort de ce constat scientifique, Greenpeace plaide pour la mise en place de deux mesures d’urgence : le plafonnement du trafic par aéroport, et la taxation du kérosène, actuellement avantageusement exonéré. « Faire un Marseille - Londres coûte jusqu’à six fois plus cher en train qu’en avion », s’indigne Maître Marie Dosé. (...)

« Votre cause est juste », a bien volontiers reconnu le procureur. « Mais la liberté d’expression doit être encadrée par la loi. Si chacun défend ce qu’il estime être sa vision de l’intérêt général, c’est le risque de l’arbitraire. Dans des cas très restreints, il est permis de briser la loi, en état de nécessité notamment. Invoquer celui-ci peut se faire lorsqu’il y a un péril grave et imminent. Je reconnais que c’est le cas face au changement climatique. Mais vous ne répondez pas aux deux autres critères nécessaires. Vous ne démontrez ni que violer la loi était le seul moyen d’agir, ni que cette action a été efficace pour répondre au péril », a-t-il estimé.

Air France et Aéroports de Paris n’ont demandé qu’un euro symbolique de dédommagement pour chacun des prévenus, en réparation du préjudice moral — l’assurance ayant couvert l’intégralité des frais de maintenance pour l’avion d’Air France. Le procureur a, lui, requis entre 700 euros d’amende, pour les activistes sans antécédent judiciaire, et jusqu’à 120 jours-amende à 10 euros (soit 1 200 euros) pour ceux ayant déjà été condamnés pour des actions antérieures. Le verdict est attendu pour le 22 février à 13 h.