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IA dans l’éducation : cadre d’usage ou plan de développement ?
#educationNationale #numerique #IA
Article mis en ligne le 16 juin 2025
dernière modification le 15 juin 2025

Le Conseil supérieur de l’éducation du 22 mai 2025 a examiné un projet de « cadre d’usage de l’IA en éducation ». Il s’agit davantage de promouvoir un développement des usages que de les limiter.

Pour le SNES-FSU, les outils numériques ne peuvent définir une politique éducative. Et la promotion de nouvelles technologies par le monde industriel et économique ne peut pas définir une politique d’apprentissage. Quant aux impacts sur les métiers et les conditions de travail, ils doivent être eux aussi sérieusement évalués avant tout déploiement.

C’est pourquoi le SNES-FSU a proposé de nombreux amendements pour infléchir le projet du Ministère, tout en étant conscient de la portée réglementaire limitée d’un « cadre d’usage ». Les analyses présentées dans cet article portent sur la version soumise au vote du Conseil supérieur de l’éducation du 22 mai, désapprouvée par 24 voix contre (dont celles de la FSU), 12 pour et 4 abstentions. Le CSE étant une instance consultative, la version définitive du cadre d’usage après intégration de certains amendements n’est pas encore publiée à ce jour.

. Il est largement abusif d’affirmer, comme le fait le Ministère dans son document de présentation, qu’une consultation « de l’ensemble de la communauté éducative a été menée entre la mi-janvier et la fin du mois de mars. » Combien de collègues ont en effet entendu parler de ce cadre d’usage ? Combien ont pu véritablement peser sur son contenu ?

L’examen du projet de texte au Conseil supérieur de l’éducation a duré 5 heures, démontrant la nécessité d’un débat sur le fond. D’autant que le travail en CSE avait lui-même été préparé par de longs échanges en Commission spécialisée, certaines modifications étant actées. A nouveau, lors du CSE du 22 mai, 8 des amendements proposés par le SNES-FSU ont été intégrés en séance, et 10 doivent l’être après réécriture.

Quels objectifs pour un « cadre d’usage de l’IA en éducation » ?

Ci-dessous le projet de cadre soumis au CSE. Cette version n’est donc pas définitive. Des évolutions, que nous espérons importantes, sont attendues lors de sa publication au BO. (...)

Le ton général est positif, affirmatif quant au développement futur, prétendument désirable et inévitable, de ces technologies, en particulier dans le paragraphe « 3.1 Des usages en pleine explosion ouvrant de nombreuses potentialités ». Les effets néfastes d’ores et déjà connus, qu’ils soient économiques, écologiques, politiques, ou cognitifs, sont minorés. C’est pourquoi le SNES-FSU a souhaité ajouter, dans l’exposé des impacts des IA dans l’éducation : « Les IA peuvent aussi mettre en danger le statut même de la vérité et charrier un grand nombre de biais favorables à toutes les formes de discrimination combattues par l’École. » (...)

Il s’agit d’une part de se prémunir de la possibilité d’imposer des outils aux personnels, et d’autre part de les sensibiliser à l’importance de garder la maîtrise de la conception de leur travail. Il est aussi crucial d’évaluer la manière dont les outils utilisés modifient le sens de nos métiers.

Les vertus prêtées à l’IA dans le projet de cadre d’usage, à savoir « faciliter la personnalisation des apprentissages, adapter les actions de remédiation aux besoins de chacun », ne sont de toutes façons pas justifiées par quelque source scientifique que ce soit. (...)

De même, l’objectif affiché « d’appropriation de l’IA » dévoie le rôle d’un « cadre d’usage » qui est de… cadrer, donc de délimiter, de donner des règles précises bornant l’usage des IA. Si appropriation il doit y avoir, c’est bien celle de tous les enjeux qui s’y rapportent.

Un cadre juridique négligé (...)

le SNES-FSU lors du Conseil supérieur de l’éducation a défendu plusieurs amendements pour retirer du « cadre d’usage » les passages formulant de manière intrusive des recommandations pédagogiques. (...)

Le SNES-FSU a défendu l’amendement suivant : « L’usage volontaire et non déclaré des IA génératives pour réaliser un travail scolaire sans demande explicite de l’enseignant est une forme de triche. Son usage non autorisé dans le cadre d’une évaluation ou d’un devoir maison est puni ou sanctionné. » (...)

Le SNES-FSU a donc proposé d’ajouter à la toute fin de la partie « A retenir » du cadre du d’usage : « Pour tous les niveaux, les personnels soulignent et démontrent la nécessité de maintenir la capacité à apprendre sans recours aux IA. »