
Selon la presse locale, Juan Lopez, 46 ans, a été tué alors qu’il se trouvait dans sa voiture après s’être rendu dans une église à Tocoa, où il vivait, et dont il était conseiller municipal.
Il a été inhumé dimanche dans la municipalité de Tocoa, dans le nord-est du pays d’Amérique centrale.
"Ils ont tué Juan Lopez, mais pas sa lutte", pouvait-on lire sur une banderole placée sur le cercueil du militant dans un funérarium, a constaté une équipe de l’AFP. À l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur du funérarium, des centaines de personnes attendaient une messe rendue en hommage à l’activiste.
Une enquête en cours
(...) Quand il racontait craindre pour sa vie
Ce militant accusait le groupe minier Los Pinares d’exploiter une mine à ciel ouvert dans des conditions qui portent atteinte à la réserve forestière de Botaderos, près de Tocoa, à 220 km au nord-est de Tegucigalpa.
La représentante au Honduras du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, Isabel Albaladejo, a appelé l’État à enquêter en prenant "en considération" les dénonciations de Juan Lopez "contre le maire (de Tocoa) Adan Funez, dont il avait demandé la démission pour de présumés liens avec le crime organisé", ce qui aurait pu lui valoir des "représailles".
"C’était un intellectuel populaire, un camarade engagé dans le changement social, dans la défense du bien commun", a déclaré à l’AFP Joaquín Mejía, avocat et défenseur des droits de l’homme, son partenaire dans la lutte pour la préservation du fleuve Guapinol.
Cette réserve compte 34 bassins hydrographiques, avec des arbres de grande valeur et des espèces d’animaux menacés d’extinction, ainsi que des gisements archéologiques précolombiens.
Juan Lopez avait confié à l’AFP en novembre 2021 craindre pour sa vie en raison de ce combat, expliquant qu’on l’avait averti qu’il lui arriverait la même chose qu’à Berta Caceres, une célèbre défenseure de l’environnement, abattue le 2 mars 2016 parce qu’elle s’opposait à la construction d’un barrage hydroélectrique dans l’ouest du pays. (...)
"Quand on se met à défendre le bien commun dans ce pays, on s’attaque à de puissants intérêts (...). Quand on sort de chez soi, on sait qu’il peut se passer n’importe quoi, qu’on peut ne pas revenir", avait expliqué le militant alors père d’une petite fille de 5 ans.
Il avait raconté ne jamais sortir de nuit et ne pas aller seul dans un secteur éloigné. "C’est tragique. La peur c’est de perdre la vie", avait-il dit. (...)
Selon un rapport de l’ONG Global Witness, le Honduras est l’un des pays les plus dangereux pour les défenseurs de l’environnement. En 2023, il arrivait en troisième place dans le monde pour le nombre d’assassinats de militants écologistes, à égalité avec le Mexique (18), derrière la Colombie et le Brésil. Entre 2012 et 2023, 148 militants écologistes y ont été tués.