Les trois personnes retenues depuis jeudi soir à la suite d’un concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël ont été présentées dimanche à un juge d’instruction en vue de leur mise en examen. En marge d’une manifestation de soutien samedi, quatre interpellations ont eu lieu après de nouvelles échauffourées.
Jeudi 6 novembre, le concert de l’orchestre philharmonique d’Israël à la Philharmonie de Paris a été interrompu à trois reprises par des militants de la cause palestinienne qui évoquaient alors une action « pacifique ». Sur les images abondamment relayées sur les réseaux sociaux, on peut voir d’autres spectateurs s’en prendre physiquement à ces militants, frappés, avant d’être maîtrisés et interpellés par les forces de l’ordre.
Les trois hommes et une femme militants propalestiniens retenus depuis jeudi soir à la suite de ces heurts ont été présentés dimanche à un juge d’instruction en vue de leur mise en examen, a indiqué le parquet de Paris à l’AFP. (...)
Le juge est saisi de nombreuses infractions (...)
Le parquet a indiqué avoir demandé le placement sous contrôle judiciaire des mis en cause, avec des interdictions de paraître à Paris, aux abords et dans les salles de spectacles. (...)
« Il était d’un devoir moral de tout mettre en œuvre pour empêcher la tenue de ce concert. Notre action était entièrement pacifique. La réponse a été d’une violence inacceptable : un militant a été lynché dans la salle, le visage ensanglanté sous les coups de plusieurs spectateurs devant une sécurité complice et passive », a déclaré le collectif Palestine Action France dans un communiqué.
Manifestation de soutien et nouveaux heurts
Par ailleurs, samedi, en fin d’après-midi, un groupe propalestinien s’est rassemblé, en soutien, devant le commissariat du XIXe arrondissement où ces quatre personnes étaient entendues, avant d’être déférées au tribunal judiciaire de Paris, selon une source policière.
Ils ont rapidement été rejoints par un groupe pro-israélien et une rixe a éclaté entre eux. Des policiers sont intervenus pour les séparer et trois d’entre eux ont été blessés. Trois militants pro-israéliens et un propalestinien ont été interpellés après cette rixe, selon une source policière qui s’est confiée à l’AFP.
Les trois premiers ont été interpellés « pour outrage, violences sur personne dépositaire de l’autorité publique » et placés en garde à vue. Le militant propalestinien a été interpellé par la suite, après avoir tenu des propos antisémites.
Le ministre de l’intérieur Laurent Nuñez a indiqué jeudi qu’« il n’y a aucune cause qui justifie qu’on mette en danger la vie des spectateurs ». La Cité de la musique − Philharmonie de Paris a indiqué quant à elle avoir porté plainte et a condamné « fermement les graves incidents » survenus dans la grande salle de concert Pierre Boulez.
Un chaos annoncé d’avance
Malgré les avertissements sur les risques de perturbation du concert, dont plusieurs collectifs réclamaient l’annulation depuis plusieurs semaines, la Philharmonie avait décidé de maintenir l’événement. La direction promettait de « [demeurer] très vigilante pour assurer la sécurité du public et des artistes lors de ce concert ». Pourtant, malgré les fouilles, plusieurs personnes ont pu introduire des fumigènes dans la salle de concert.
Contacté par Mediapart, l’Orchestre philharmonique d’Israël avait déploré que « des éléments extrémistes [aient] tentés de perturber le concert », et assure « [représenter] fièrement la culture israélienne à travers le monde, avec pour objectif de jouer une musique qui rassemble les gens ».
Les organisations qui appelaient depuis le début à annuler le concert de l’IPO assurent au contraire que les actions menées étaient pacifiques. « Nous condamnons les agressions violentes commises par certains spectateurs contre un militant pacifique présent dans la salle de concert », dénonce le collectif Artistes pour la Palestine France.
« Il n’y a eu aucune violence de la part de ces gens qui ont mené l’action », selon Adam Laloum, pianiste et membre du collectif juif décolonial Tsedek ! « C’est une action qui paraît légitime par rapport au génocide à Gaza. Je salue leur courage. La violence, il faut la situer du côté du public, c’étaient des militants pro-israéliens carrément violents, il y a des vidéos qui en attestent », ajoute-t-il.
« Ce n’est pas vrai que la culture et l’art ne sont pas politiques, tout ceci est profondément politique, analyse Sarah* de la campagne Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) France-Paris-Île-de-France. On en arrive là parce qu’on n’a pas la possibilité de manifester dans de bonnes conditions. » (...)