Après trois mois de suspension d’accès à l’asile pour tous les exilés arrivant en Crète depuis la Libye, l’enregistrement des demandes a repris le 14 octobre. Cette suspension avait été décidée en juillet par le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, après une recrudescence des arrivées illégales via cette route migratoire.
"La suspension est terminée", confirme Agapi Chouzouraki, chargée de plaidoyer à l’ONG du Conseil grec pour les réfugiés, jointe par InfoMigrants. Depuis le 14 octobre 2025, les migrants arrivant en Crète depuis l’Afrique du Nord, notamment la Libye, peuvent redéposer un dossier d’asile sur l’île.
Trois mois avant, au mois de juillet, le gouvernement grec avait décidé de suspendre unilatéralement les demandes d’asile pour toute personne arrivant illégalement en Crète, face à la hausse des arrivées depuis la Libye : 7 300 arrivées entre janvier et juillet 2025 contre 4 900 sur l’ensemble de l’année 2024. (...)
Criminalisation des migrants
Ces derniers mois, la politique migratoire grecque s’est considérablement durcie. En septembre 2025, le gouvernement a voté une loi criminalisant les migrants. Le séjour irrégulier n’est plus une irrégularité administrative mais… un délit pénal. Les étrangers restés sur le territoire grec après le rejet de leur demande d’asile risquent une peine de deux à cinq ans, et une amende de 10 000 euros.
"L’idée avec cette loi, c’est un durcissement pour augmenter les retours forcés des déboutés [du droit d’asile]", avait précisé une source de l’OIM. "Le ministre a un objectif clair : intégrer les personnes qui peuvent l’être le plus rapidement possible [...] pour qu’ils puissent devenir une main-d’œuvre disponible le plus rapidement possible. Et expulser tous les autres".
La loi supprime également la possibilité d’obtenir un titre de séjour après sept ans de présence sur le territoire grec et porte la durée maximale de rétention de 18 à 24 mois.
Le gouvernement s’intéresse aussi de plus près aux réfugiés statutaires. Selon une nouvelle circulaire grecque, les autorités pourront engager une procédure visant à suspendre ou à révoquer ce statut de réfugié à toute personne qui voyage dans son pays d’origine.