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Patricl Le Hyaric
grande interview de Patrick Le Hyaric, candidat tête de liste du Front de gauche en Ile-de-France, dans l’Humanité Dimanche du jeudi 22 mai à l’occasion des élections européennes du dimanche 25 mai 2014.
Article mis en ligne le 23 mai 2014

1/ La question du traité transatlantique c’est-à-dire la nature des liens qui doit régir les relations entre l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique a surgi dans la campagne électorale.

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Patrick Le Hyaric : C’est vrai et il était temps. Depuis des mois, j’alerte personnellement nos concitoyens sur les dangers d’un tel accord. Il y avait un véritable blocus médiatique face à cette alerte (...)

2/ L’Europe et ses règlements tiennent une place importante dans l’organisation de la vie des Français et pourtant cette campagne est restée jusqu’ici atone et superficielle ?

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Patrick Le Hyaric : La construction européenne est encore majoritairement perçue comme très éloignée de la vie quotidienne des populations, de leurs difficultés comme de leurs espoirs. Très éloignée aussi des possibilités qu’elles ont d’y changer quelque chose. Ces sentiments, qui aboutissent à laisser les mains libres à ceux qui sont aux manettes depuis le début, sont entretenus par les partis dominants qui se partagent les pouvoirs au sein de la Commission et au Parlement européen, aidés malheureusement par de trop nombreux médias (...)

3/ Mais peut-on rapprocher l’Europe des peuples ?

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Patrick Le Hyaric : Il n’y a pas d’avenir sans une rupture nette avec l’actuelle construction européenne ! Il y a aujourd’hui une aspiration majoritaire dans la plupart des pays à en finir avec la concurrence généralisée pour aller vers une Europe coopérative et solidaire. Cette aspiration doit s’exprimer fortement et en toute clarté. Il y a aussi une grande exigence que les citoyens soient entendus et respectés, à l’opposé de ce qu’on a vu en 2005 (...)

4/ Quelles sont vos propositions pour changer l’Europe ?

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Patrick Le Hyaric : Il y a urgence à reconstruire une Union des nations et des peuples européens souverains et associés sur de nouvelles bases. Je dis bien « reconstruire » et pas « détruire » ou « se passer » de l’Europe. A celle de la finance, nous avons l’ambition de contribuer à ce que les peuples, les travailleurs puissent substituer un autre type d’organisation qui chercherait à favoriser la solidarité, les coopérations plutôt que la concurrence et la loi de l’argent-roi ; le développement humain durable, facteur d’un nouveau type de croissance et donc d’emplois tout en préservant le devenir de la planète plutôt que la loi d’airain de l’austérité.

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Nous portons l’exigence que soit garantie qu’aucune directive européenne ne puisse conduire à une régression des droits sociaux dans un pays membre. (...)

5/ Certains préconisent la sortie de l’euro voire de l’Union européenne ?

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Patrick Le Hyaric : Nous partageons et portons l’immense colère de celles et ceux qui souffrent de la manière dont la Banque centrale européenne qui, au nom de la défense de l’Euro, pousse à de violentes politiques d’austérité et d’abaissement des droits sociaux. Le combat indispensable aujourd’hui doit, selon nous, porter sur un changement radical du rôle de l’Euro qui doit servir l’emploi et non plus la spéculation. La question posée à toutes et tous est celle de s’attaquer à la source des problèmes : celui des pouvoirs exorbitants des marchés financiers.

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La sortie de l’Euro aboutirait à mettre les travailleurs de chaque pays encore plus en concurrence avec ce que l’on appelle des « dévaluations compétitives de monnaie ». Le grand patronat continuerait à réclamer aux travailleurs et aux familles qu’ils se serrent la ceinture. Ce serait à la fois la dévaluation des salaires de plus d’un tiers et le renchérissement des dettes de la même part, qui donnerait un argument pour continuer à pressurer encore les budgets publics. Le grand défi est donc celui de s’attaquer à la toute puissance de la finance, de reprendre le pouvoir sur les forces de l’argent (...)

6/ Quel bilan tirez-vous de l’exercice de votre premier mandat ?

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Patrick Le Hyaric : La bataille est rude face aux forces qui travaillent à faire l’Europe libérale livrée aux marchés financiers quitte à faire de nous des sujets taillables et corvéables à merci. Mais ils nous ont face à eux pour défendre les intérêts du monde du travail et notre environnement. Avec d’autres nous avons mis en échec le projet de faire accepter les OGM, le traité ACTA, sorte de loi Hadopi européenne. Nous avons porté l’exigence d’une remise en cause des récentes directives sur la libéralisation du rail, dont le prochain Parlement aura encore à débattre. Nous avons porté le débat sur l’égalité homme-femme et le droit à l’avortement dont le texte aurait été voté si l’alliance de la droite et de l’extrême-droite ne l’avait pas mis en échec. Nous avons également contribué à changer l’attitude de l’Europe vis-à-vis du peuple palestinien. Nous avons mis en échec le projet dit de « rehaussement » de l’accord avec Israël.

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Mais évidemment, le rapport de forces au sein du Parlement européen ne nous a pas permis de mettre en échec les règlements visant à mettre sous tutelle les budgets des Etats. (...)

7/ Vous avez lancé votre campagne devant le siège du géant industriel Alstom national menacé d’être vendu à des multinationales étrangères. Pourquoi un tel geste ?

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Patrick Le Hyaric : Ce qui arrive à Alstom porte la marque du capitalisme financiarisé et de l’Europe ultralibérale qui, sur cet enjeu, veut empêcher notre pays de décider souverainement.

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L’Europe doit cesser d’être l’instrument de la désindustrialisation en cours, au nom du primat de la concurrence. (...)

8/ On vous a beaucoup vu au Parlement européen sur le front des questions agricoles et alimentaires et notamment sur l’avenir de la Politique agricole commune ?

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Patrick Le Hyaric : Parce qu’elle a à voir avec la qualité alimentaire, la santé, l’environnement et la biodiversité, les développements des territoires, les paysages ou la vie rurale, l’agriculture devrait être placée parmi les priorités des politiques publiques. Or, telle qu’elle est, la Politique agricole commune massacre l’agriculture familiale et menace la qualité alimentaire, car elle favorise la grande production intensive et industrialisée car tournée vers l’exportation et insérée dans la guerre économique mondiale. (...)

9/ Quelles ambitions nourrissez-vous pour le Front de gauche dans ces élections ?

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Patrick Le Hyaric : L’enjeu est simple. Soit laisser se constituer la même majorité au Parlement européen qu’actuellement. Alors là, on est sûr que tout continuera comme aujourd’hui, en s’aggravant. Soit regarder de près ce que proposent les listes du Front de gauche qui devrait intéresser largement au-delà de celles et ceux qui ont choisi Jean-Luc Mélenchon au premier tour des élections présidentielles. Ils ont toutes les raisons de confirmer leur choix. (...)

le vote Front de gauche est le vote d’espoir à gauche.

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Permettez- moi, pour conclure, de citer les propos tenus par mon ami Alexis Tsipras, lors du débat entre les candidats à la présidence de la Commission, confrontation très instructive boudée par les grands médias : « Je suis Alexis Tsipras, candidat de la Gauche européenne et je viens de Grèce. Mon pays a été choisi comme cobaye pour l’austérité la plus dure. Ses résultats, je ne souhaite à personne de les vivre, je ne les souhaite à aucun autre peuple… Nous voulons sauver l’Europe en la changeant ».