Arrêté par les autorités françaises en 2010, Eugène Rwamucyo, un ancien médecin rwandais, a été condamné mercredi par la cour d’assises de Paris à 27 ans de réclusion criminelle pour son rôle dans le génocide des Tutsi en 1994, et notamment pour complicité. Son avocat a manifesté son intention de faire appel.
(...) Au terme de presque cinq semaines de procès et après onze heures de délibéré, la cour l’a reconnu coupable de complicité de génocide et participation à une entente en vue de la préparation de génocide, complicité de crimes contre l’humanité et participation à une entente en vue de la préparation de ces crimes. Il a en revanche été acquitté des accusations de génocide et de crimes contre l’humanité.
À l’énoncé du verdict, Eugène Rwamucyo s’est retourné vers sa famille et ses proches réunis dans la salle avant d’être escorté par des gendarmes pour être conduit en détention. (...)
"C’est capital que les génocidaires en fuite réalisent que même 30 ans après le génocide des Tutsi, la justice a le pouvoir de les rattraper. J’espère que les efforts de la justice française vont se poursuivre pour juger les suspects qui résident dans ce pays", a déclaré à l’AFP le ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Olivier Nduhungirehe.
Des discours de haine relayés et des victimes enfuis dans des fosses communes (...)
Pour les magistrats, le mobile de l’accusé était limpide : "son ambition et sa fascination pour le pouvoir politique".
Il était reproché à l’ancien médecin-enseignant à l’université de Butare d’avoir soutenu et relayé les mots d’ordre des autorités hutu incitant la population à s’en prendre à la minorité tutsi notamment lors d’un discours le 14 mai 1994 en présence de Jean Kambada, Premier ministre du gouvernement intérimaire.
Eugène Rwamucyo était aussi accusé d’avoir participé à l’enfouissement de victimes dans des fosses communes "dans un ultime effort pour supprimer les preuves de génocide". (...)
Huitième Rwandais jugé en France dans ce cadre (...)
Le 20 décembre 2023, un autre médecin rwandais, Sosthène Munyemana, a été condamné à 24 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté de 8 ans, pour génocide et crimes contre l’humanité. Il a fait appel de cette condamnation.
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La justice française a abandonné les poursuites contre l’ancien employé des Nations unies et chef rebelle hutu Callixte Mbarushimana, 61 ans, poursuivi pour crimes contre l’humanité lors du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, a appris l’AFP dimanche d’une source proche du dossier. La justice a estimé que les charges contre lui étaient insuffisantes. (...)
L’avocat du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), Me Simon Foreman, a indiqué à l’AFP avoir fait appel du non-lieu, estimant l’enquête lacunaire : certains témoins n’ont pas été entendus et les informations d’un rapport d’enquête interne des Nations unies n’ont pas été vérifiées selon lui. (...)