
Marzieh Hamidi a une vingtaine d’années et vit en France depuis trois ans. Depuis le 4 septembre 2024, cette championne de taekwondo est sous protection policière. La conséquence de sa prise de position contre le sort réservé aux femmes dans son pays.
Dans la vidéo qui a tout déclenché, diffusée fin août, Marzieh Hamidi est dans une rue parisienne. Elle explique qu’en Afghanistan, les femmes doivent se couvrir les yeux et de ne pas parler en public, qu’elles n’ont pas le droit d’aller à l’école ou de faire du sport. Elle lance le hashtag #LetUsExist ("Laissez-nous vivre") sur X et Instagram, et elle dénonce ce qu’elle qualifie d’"apartheid de genre".
Dans un premier temps, la jeune femme reçoit de nombreux messages de soutien. Une semaine plus tard, un journaliste afghan la rencontre et lui pose une question sur l’équipe nationale de cricket. Marzieh considère que les membres de l’équipe nationale de cricket, son capitaine surtout, sont amis des Taliban et ne représentent donc pas les millions de femmes afghanes.
Menaces de viols et de décapitation
"Le lendemain, j’ai reçu un coup de fil. Quelqu’un m’a crié dessus en pachtoune, disant qu’il avait mon adresse à Paris, qu’il allait me trouver. Il a dit que je devais arrêter de parler comme ça. En deux jours, j’ai reçu des appels émanant de 3 000 numéros différents. Trois mille numéros de France, d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas, d’Amérique du Sud, de Malaisie, du Pakistan, d’Afghanistan, de Serbie, de partout...", explique la championne de taekwondo.
Marzieh Hamidi va demander l’aide de la police. Elle quitte son appartement, une première fois, puis une deuxième. Les messages vocaux, les photos de sexe et les menaces de viol ou de décapitation se poursuivent.
Elle ne peut plus s’entraîner au taekwondo, mais elle ne cesse de se battre pour autant : "Tout ce que je peux faire, c’est combattre, et je ne vais pas arrêter. Je suis maintenant sous protection policière. J’ai perdu ma liberté, je suis en danger et je ne me sens plus en sécurité à Paris. Mais si je reste à la maison et que je pleure ou que j’ai peur, ce sont eux qui auront gagné !" (...)
Marzieh Hamidi se dit soutenue par de très nombreuses femmes afghanes qui la considèrent comme leur porte-parole. "Au moins, moi j’ai une protection, alors que personne ne peut entendre leur voix", dit-elle pour conclure.