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RFI
France : des barrages d’agriculteurs persistent dans le Sud-Ouest + le gouvernement tente de rattraper son manque d’anticipation
#elevage #dermatoseNodulaire #solidarites #repression #UE #France
Article mis en ligne le 21 décembre 2025

À seulement quelques jours de Noël, la levée des blocages des routes par les agriculteurs en colère n’est pas totalement assurée. Après l’annonce du report de l’accord Mercosur et bien que la Coordination rurale et la Confédération paysanne aient été reçues vendredi à Matignon, des barrages ont persisté sur des axes routiers et autoroutiers du Sud-Ouest, au premier jour des vacances scolaires. Les appels gouvernementaux à une « trêve de Noël » ont du mal à se faire entendre.

Si certains barrages sont levés, d’autres subsistent toujours ce samedi. Car, les syndicats agricoles sont partagés sur la poursuite ou non des blocages, pendant cette période de fêtes de fin d’année.

Dans le Sud-Ouest, par exemple, plusieurs barrages ont été levés vendredi. Cependant des blocages au niveau de trois autoroutes, ainsi que sur la RN 20, sont toujours maintenus.

Des agriculteurs, notamment de la Coordination rurale, poursuivent toujours la mobilisation sur le terrain, malgré la proposition « d’une pause » faite par leur syndicat.

Ces opposants à une trêve estiment que les mesures prises par le gouvernement ne sont pas à la hauteur de la détresse des paysans. Ces derniers réclament l’arrêt de l’abattage total des troupeaux dès le premier cas de dermatose.

Dans un courrier adressé vendredi aux syndicats agricoles, le Premier ministre annonce la mise en place d’un fonds de soutien de 11 millions d’euros. Sébastien Lecornu leur a également fixé une nouvelle rencontre, le 5 janvier prochain. (...)

L’exécutif ne tolérera plus de nouveaux blocages pendant les fêtes, a affirmé la porte-parole du gouvernement.

« Tant qu’on ne change pas de politique sanitaire, tant que le gouvernement reste sur l’abattage systématique et total lors d’un cas de dermatose nodulaire contagieuse dans un élevage, on restera mobilisés », a déclaré à l’AFP Sara Melki, porte-parole de la Confédération paysanne de l’Aveyron. Le syndicat agricole classé à gauche a établi, à la mi-journée, un nouveau point de blocage sur l’autoroute A75 au sud du viaduc de Millau, causant sa fermeture dans le sens sud-nord. Les manifestants ont quitté les voies en milieu d’après-midi, sans heurts avec les forces de l’ordre, a indiqué la Confédération paysanne. La circulation a pu reprendre, selon la préfecture.
Des tronçons de route toujours coupés

Cette autoroute reliant Clermont-Ferrand à Montpellier reste coupée plus au nord par la Coordination rurale, syndicat positionné très à droite (...)

Ce samedi, l’autoroute A64 Toulouse-Bayonne restait fermée sur plus de 180 km. L’autoroute A63 reliant Bordeaux à l’Espagne était quant à elle toujours bloquée à hauteur de Cestas, au sud de Bordeaux.

Selon le ministère de l’Intérieur, « 50 actions mobilisant 1 619 personnes ont été comptabilisées » samedi, contre 93 actions et un peu moins de 4 000 personnes mobilisées vendredi.

Lire aussi :

 (Mediapart)
Dermatose bovine : le gouvernement tente de rattraper son manque d’anticipation

Une opération de vaccination de 750 000 bovins vient d’être lancée pour juguler l’épidémie de dermatose bovine. La Confédération paysanne, la Coordination rurale et même une chambre d’agriculture ont pourtant alerté depuis des mois sur la nécessité de vacciner le cheptel.

C’est une course contre la montre que vient d’engager le ministère de l’agriculture. Confronté à la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et à la colère des éleveurs et des éleveuses contre la politique d’abattage des bovins contaminés, l’État a lancé le 17 décembre, dans l’urgence, une « accélération » de la vaccination généralisée du cheptel dans le Sud-Ouest.

Signe de l’exceptionnalité de la crise en cours, le dossier est piloté depuis le début de la semaine par le premier ministre, Sébastien Lecornu. C’est que depuis le 29 juin, date à laquelle la DNC a été détectée pour la première fois en Savoie, jusqu’à ce 19 décembre, cent treize foyers de dermatose ont déjà été découverts dans onze départements.

Si jusqu’alors le protocole sanitaire de l’État était basé sur l’abattage du troupeau entier en cas de DNC diagnostiquée dans une ferme, le gouvernement mise désormais sur la vaccination de 750 000 bovins dans dix départements du Sud-Ouest et d’un million de bêtes à terme dans l’Hexagone. Soit le début d’un fléchissement de la politique sanitaire menée par la ministre de l’agriculture, Annie Genevard. (...)

Pour ce faire, un stock de 500 000 doses de vaccins contre la DNC serait en cours d’acheminement auprès des vétérinaires. Et le 18 décembre au matin, 400 000 doses de plus, commandées aux Pays-Bas, sont arrivées par camions sur le tarmac de l’aéroport de Rennes (Ille-et-Vilaine), pour être ensuite délivrées par avion à Toulouse (Haute-Garonne). (...)

La profession a par ailleurs lancé le 17 décembre un appel à renfort qui a déjà permis de mobiliser cent soixante vétérinaires qui ont du temps disponible, sont à la retraite ou des étudiant·es de sixième année.

« Les éleveurs vont devoir aussi s’entraider pour parquer les animaux, comme on l’avait vu cet été en Savoie lors du premier cas de DNC, afin d’optimiser au mieux dans les fermes la tournée des vétérinaires », insiste Stéphanie Philizot.
Priorité économique

La Confédération paysanne et la Coordination rurale, toujours mobilisées dans certains départements du pays pour dénoncer la politique d’abattage, saluent toutes deux cette extension de la vaccination. Les deux syndicats estiment toutefois que le gouvernement a perdu six mois depuis l’apparition de la DNC pour commander les vaccins et demandent une vaccination massive sur l’ensemble du territoire français. (...)

En dehors du monde syndical, d’autres alertes sont remontées Rue de Varenne. Le député La France insoumise (LFI) de Haute-Garonne, Christophe Bex, explique à Mediapart : « Le 21 juillet, nous avons envoyé un courrier à la ministre de l’agriculture, signé entre autres par les députées LFI Manon Meunier ou Aurélie Trouvé, afin de demander un autre protocole, plus centré sur la vaccination, et ce après des échanges avec l’éleveur savoyard dont la ferme a été la première atteinte par la DNC. » Le député confirme n’avoir jamais eu de réponse de la part d’Annie Genevard et tance « l’impréparation » du gouvernement face à l’épizootie.

Pour terminer, la chambre d’agriculture de l’Ariège a confirmé à Mediapart avoir le 26 novembre envoyé une lettre à la ministre pour demander l’instauration d’une zone vaccinale de prévention sur tout le département. La missive, validée et soutenue par les quatre syndicats de la profession agricole de l’Ariège, est restée sans réponse. Le 10 décembre, alors que le premier cas de DNC venait d’être détecté sur ce territoire, la chambre a alors officiellement appelé à la suspension immédiate de l’abattage et à « la mise en place d’un protocole expérimental », basé notamment sur une « vaccination massive, rapide et efficace au-delà des zones réglementées ».

Contacté par Mediapart sur ces alertes précoces, le ministère de l’agriculture a répondu notamment que, depuis le premier cas de DNC, « la ministre a tout de suite été sur le pont pour prendre la situation au sérieux, et si pendant six mois le sujet n’a pas été saillant médiatiquement ou politiquement, c’est bien parce que la situation a été contrôlée depuis le début ».
Une menace loin d’être éteinte (...)

Par ailleurs, comme le pointe le président du SNVEL, David Quint : « Après vaccination, entre l’acquisition de l’immunité et le temps d’incubation de la DNC, on peut s’estimer libéré de la menace sanitaire au bout de soixante jours environ. Aujourd’hui, il est encore trop tôt pour lever les abattages même si un troupeau a été récemment vacciné. Ce n’est que quand on observera moins, voire plus du tout, de cas de DNC, qu’on pourra alors peut-être se permettre d’envisager plus de souplesse en cas de nouveau foyer. »

Quant à la commande de nouveaux stocks de vaccins en cas de flambée de l’épidémie, le ministère, interrogé par Mediapart, n’a « pas encore de communication sur le sujet ». Il juge que « l’immunité collective va s’installer » et assure avoir « un coup d’avance ».