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Mediapart
France à + 4 °C : le gouvernement lance un plan bien intentionné mais avec peu de contraintes
#climat #rechauffementclimatique
Article mis en ligne le 29 octobre 2024
dernière modification le 26 octobre 2024

Michel Barnier et la ministre de l’écologie Agnès Pannier-Runacher ont annoncé le 25 octobre un nouveau Plan national d’adaptation au changement climatique. Les futurs contours réglementaires et financiers de ce document-cadre restent très vagues au regard de l’intensification des événements météorologiques extrêmes.

C’est un plan qui était attendu depuis plusieurs mois. Mais force est de constater que la déception prime à la lecture du troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC).

En janvier, Christophe Béchu, alors ministre de la transition écologique, avait annoncé en fanfare les consultations pour rédiger un plan d’action afin d’adapter la France à + 4 °C d’ici à 2100. Toutefois, les élections législatives en juillet ont retardé la publication de ce document-cadre climatique, techniquement prêt depuis cet été mais en attente d’un feu vert politique. (...)

L’enjeu est de taille : les inondations qui viennent de durement frapper l’Hexagone ont mis en lumière l’urgence d’adapter le pays au nouveau régime climatique dans lequel nous sommes entrés. Neuf des dix années les plus chaudes jamais enregistrées en France l’ont été après 2010. Et le 24 octobre, le Programme des Nations unies pour l’environnement a annoncé que les émissions de gaz à effet de serre mondiales restent encore trop élevées, nous entraînant dans un monde à + 3,1 °C d’ici à la fin du siècle.

Le Haut Conseil pour le climat (HCC), organisme indépendant placé auprès des services du premier ministre, a rappelé pour sa part au mois de juin dans son sixième rapport annuel que « certains territoires français, notamment ceux qui ont été fréquemment inondés, ont déjà atteint les limites de leurs capacités d’adaptation au changement climatique ». En somme, qu’en termes de politiques publiques, « un changement d’échelle est essentiel », car le décalage se creuse entre les mesures politiques prises et les besoins d’adaptation du pays.

Un manque de mesures concrètes (...)

S’il salue aussi la pertinence politique de s’adosser un scénario de réchauffement solide, Nicolas Richard, vice-président de France nature environnement, rappelle néanmoins : « On est vraiment dans l’urgence : en 2024, la France n’est toujours pas prête en matière d’adaptation, alors que nous ne sommes qu’à + 1,2 °C de réchauffement. L’intention est là, mais il faudra qu’elle se traduise vite en réglementations et en moyens financiers alloués. » (...)

Quentin Ghesquière d’Oxfam France dénonce que le PNACC « ne prend pas en compte les inégalités sociales ». Face aux vagues de chaleur, il rappelle, à titre d’illustration, qu’à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), « 44 % des gens vivent sous le seuil de pauvreté et on n’y compte que 3 mètres carrés d’espace vert par habitant, alors que l’Organisation mondiale de la santé recommande 12 mètres carrés ».

Qu’on se rassure, le gouvernement a ouvert une plateforme de consultation en ligne du 25 octobre au 27 décembre pour « impliquer les citoyens dans l’adaptation du pays ».
Adaptation en contexte austéritaire

Chercheur sur l’adaptation au changement climatique à l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), Vivian Dépoues qualifie ce PNACC d’« électrochoc dans notre approche de l’adaptation », mais se dit inquiet sur les moyens consacrés dans un contexte budgétaire tendu.

« La Mission adaptation, dont nous saluons la création, ne pourra fonctionner qu’avec des gens dedans », explicite le chercheur. Alors que le budget 2025 prévoit de raboter 1,9 milliard d’euros d’aides publiques en lien avec l’écologie, les sommes nécessaires à l’adaptation au changement climatique en France ont été estimées par l’I4CE et France Stratégie aux alentours de 2,3 à 3 milliards d’euros par an. (...)

Quentin Ghesquière d’Oxfam France dénonce que le PNACC « ne prend pas en compte les inégalités sociales ». Face aux vagues de chaleur, il rappelle, à titre d’illustration, qu’à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), « 44 % des gens vivent sous le seuil de pauvreté et on n’y compte que 3 mètres carrés d’espace vert par habitant, alors que l’Organisation mondiale de la santé recommande 12 mètres carrés ».

Qu’on se rassure, le gouvernement a ouvert une plateforme de consultation en ligne du 25 octobre au 27 décembre pour « impliquer les citoyens dans l’adaptation du pays ».
Adaptation en contexte austéritaire

Chercheur sur l’adaptation au changement climatique à l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), Vivian Dépoues qualifie ce PNACC d’« électrochoc dans notre approche de l’adaptation », mais se dit inquiet sur les moyens consacrés dans un contexte budgétaire tendu.

« La Mission adaptation, dont nous saluons la création, ne pourra fonctionner qu’avec des gens dedans », explicite le chercheur. Alors que le budget 2025 prévoit de raboter 1,9 milliard d’euros d’aides publiques en lien avec l’écologie, les sommes nécessaires à l’adaptation au changement climatique en France ont été estimées par l’I4CE et France Stratégie aux alentours de 2,3 à 3 milliards d’euros par an. (...)

« Il faut que le gouvernement passe d’une logique de gestion des crises, coûteuse par ailleurs, à une logique de prévention, ce qui nécessite des investissements, conclut Jean-François Soussana. En juin 2025, à l’occasion de la publication de notre prochain rapport annuel, nous évaluerons l’efficacité de ce nouveau PNACC. » (...)