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« Faire délibérer les citoyens est une manière de lutter contre les dérives autoritaristes et fascistes »
#democratie #citoyens #deliberations
Article mis en ligne le 25 décembre 2025
dernière modification le 23 décembre 2025

L’échelle municipale est l’espace clé pour redonner du pouvoir d’agir aux citoyens. C’est la conviction de Tristan Rechid, qui défend leur intégration aux décisions politiques des communes. Avec un exemple concret : l’expérience de Saillans. Entretien.

Ancien directeur d’un centre social, engagé dans l’éducation populaire depuis vingt-cinq ans, Tristan Rechid fut l’une des chevilles ouvrières du « laboratoire de démocratie participative » mis en place à Saillans, petite commune de la Drôme, après la victoire d’une liste citoyenne aux élections municipales de 2014. Depuis, Tristan Rechid parcourt la France pour promouvoir ces dispositifs de démocratie délibérative qui visent à remettre les citoyens et les citoyennes au cœur du jeu politique. Un plaidoyer qu’il défend dans Réanimer la démocratie. Des assemblées populaires face à l’autoritarisme, qui vient de paraître (Actes Sud, 2025).

L’occasion de faire le point, à trois mois des prochaines élections municipales. Et alors que le sentiment de défiance vis-à-vis de la démocratie en France atteint des sommets : d’après le « baromètre de la confiance politique » de février 2025, 71 % des sondés estiment que la démocratie française ne fonctionne pas bien. (...)

Tristan Rechid : Je crois profondément au « penser global, agir local ». Sur une question comme le dérèglement climatique, à part aller manifester, je me sens très impuissant sur le plan national ou international. Alors qu’à l’échelle municipale, je peux m’engager concrètement pour mettre en place des solutions et des mesures de transition. Si elles ne règleront certes pas le problème dans le monde, elles pourront avoir des impacts au niveau local. Et, surtout, redonner un effet de pouvoir aux citoyens.

Les communes ne sont pas là simplement pour gérer les affaires courantes. Elles sont appelées à faire de la politique au sens noble du terme, à travailler ces questions de transition, de justice, etc. C’est l’endroit d’une possible et véritable égalité politique, au sens historique du terme « démocratie ». Cette égalité ne peut pas se réduire au suffrage universel et au seul principe du « un homme, une voix » pour choisir ses représentants. Elle doit pouvoir permettre à tous les citoyens d’être appelés à gouverner et à gérer les affaires de la Cité. Cela, je ne sais pas vraiment l’imaginer à l’échelle nationale, mais je sais construire des modèles d’animation qui le permettent, au niveau municipal.

Comment ?

En remettant les citoyens au cœur du processus décisionnel, et non plus seulement dans de simples instances consultatives, qui ont souvent pour fonction de conforter le système représentatif. C’est ce que je propose à travers des « assemblées de codécision » qui fonctionneraient sur un système de double représentation (...)

En France, l’initiative doit rester du côté des élus : le code général des collectivités territoriales autorise une collectivité à consulter ses électeurs, mais cette démarche ne peut en aucun cas revêtir un caractère décisionnel. Au mieux, les citoyens peuvent exercer un droit de pétition pour demander l’organisation d’une consultation… On est donc encore très loin du compte.