
« Les élections européennes doivent être l’occasion de renforcer une gauche radicale ancrée dans les luttes sociales, féministes, antiracistes et écologiques, les quartiers populaires, capable de stopper l’ascension de l’extrême droite ». Pour un ensemble de personnalités politiques et intellectuelles, les luttes ne doivent pas seulement être une réaction défensive, mais aussi construire « une nouvelle force politique, plus forte et plus populaire que ce que représentent aujourd’hui les organisations et les luttes ».
Les élections européennes auront lieu dans un contexte nouveau à l’échelle continentale, marqué par la guerre en Ukraine et ses multiples conséquences et la perspective de plusieurs élargissements dans la partie orientale de l’Europe. Ces élections doivent être l’occasion d’affirmer et renforcer, en France et en Europe, une gauche radicale ancrée dans les luttes sociales, féministes, antiracistes et écologiques, les quartiers populaires, capable de stopper l’ascension de l’extrême-droite et de promouvoir auprès du plus grand nombre la perspective d’une alternative globale au système capitaliste, écocide, patriarcal, raciste, impérialiste et validiste. (...)
Les mouvements sociaux montrent la voie
Aujourd’hui, dans les manifestations et les comités de soutien au peuple palestinien contre la guerre génocidaire menée par l’État d’Israël, des dizaines de milliers de personnes (...)
De même, les mobilisations en soutien à la résistance du peuple ukrainien contre la guerre impérialiste menée par l’État russe, la solidarité avec les peuples du Sahel qui dénoncent la Françafrique et l’ingérence militaire de l’État français, mais aussi avec les peuples des confettis de l’empire confrontés à la domination coloniale française, en Kanaky ou aux Antilles
Le mouvement des agriculteur·ices a permis de remettre sur le devant de la scène la nécessité d’une rupture avec la Politique Agricole Commune et les traités de libre-échange et la confrontation d’idées entre ses composantes capitalistes, réactionnaires, parfois proches de l’extrême-droite (FNSA, Coordination Rurale…) et nos camarades paysan·ne·s anticapitalistes et écologistes de la Confédération Paysanne.
Un an après les grandes mobilisations du printemps 2023 face à la contre-réforme néolibérale des retraites et contre les mégabassines à Sainte-Soline, nous n’avons pas oublié non plus les rencontres, expériences, solidarités permises par ces luttes, à la fois radicales et unitaires, qui nous donnent à toutes et à tous un cap politique.
Toutes ces luttes auxquelles nous participons en France, ces mouvements sociaux et ces mobilisations citoyennes, ne sont pas seulement une réaction défensive face à la crise globale du système qui nourrit la montée de l’extrême droite, elles sont aussi là où, de manière offensive, s’inventent de nouvelles pratiques militantes et se dessine une alternative politique.
A l’échelle européenne, ces luttes et ces solidarités ne sont pas isolées : dans d’autres pays ont lieu des mobilisations sociales, féministes, écologistes et antiracistes et de solidarité avec l’Ukraine et la Palestine.
La gauche politique n’est pas à la hauteur (...)
Que pouvons-nous faire ? Porter des propositions politiques claires…
La campagne des élections européennes doit être un moment de clarification politique à gauche, pour en finir avec les erreurs et renoncements qui ont affaibli notre camp social ces dernières années.
Notre gauche s’oppose à tous les impérialismes et les colonialismes, sans ambiguïté ni double-standard. Le soutien aux résistances de tous les peuples, à leur droit à disposer d’eux-mêmes et à une paix juste et durable (et donc décoloniale) n’est donc pas un pacifisme abstrait : nous soutenons le droit à l’auto-détermination partout en Europe et dans le monde, en Palestine, en Ukraine, au Sahel et ailleurs ainsi que l’aide aux peuples en résistance en même temps qu’une opposition aux Etats terroristes (qui bombardent les populations civiles) et militaristes.
Cela impose une dénonciation de l’accord entre l’UE et Israël, une dénonciation sans complaisance à l’égard de l’État français qui soutient politiquement et par la vente d’armes la guerre génocidaire d’Israël et qui est le troisième plus grand exportateur d’armes au monde, notamment à l’Arabie Saoudite (qu’il soutient aussi militairement dans sa guerre contre le Yémen). Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est également inséparable de la défense des droits des migrant·es et de l’accueil digne et inconditionnel de tou·tes les migrant·es et les réfugié·es, sans distinction, contre les politiques de l’Europe forteresse, pour la liberté de circulation et d’installation de toutes et tous.
Notre gauche veut être antiraciste et antifasciste en acte, et pas seulement en parole. Pour combattre l’extrême-droite, il n’est efficace ni de proclamer des valeurs abstraites ni de faire comme si le vote néofasciste n’était qu’une simple expression de colère. Il faut prendre le problème à bras le corps et, sur le terrain comme dans les institutions, montrer que les solidarités, le respect des diversités et de toutes les égalités, peuvent et doivent s’imposer face aux haines et aux replis identitaires. Il faut aussi que les habitant·e·s des quartiers populaires, les migrant·e·s, et tou·te·s les premier·e·s concerné·e·s par le racisme, la stigmatisation et l’exploitation, aient des droits égaux dans les domaines de la vie (travail, logement, culture, circulation et installation…), et toute leur place dans les institutions politiques, depuis les conseils municipaux jusqu’au Parlement européen.
Notre gauche critique la logique capitaliste des traités européens et de libre-échange qui détruisent les droits sociaux et organisent la concurrence entre les peuples. Elle lui oppose à l’échelle de l’UE le refus du dumping social et fiscal, les revendications sociales du monde du travail (...)
Notre gauche milite résolument pour l’égalité réelle entre femmes et hommes au travail et dans la société, pour un droit à la contraception et à l’IVG garanti partout en Europe, contre les discriminations contre les femmes et les LGBT+.
Notre gauche agit pour la reconversion écologique et autogestionnaire de l’économie européenne (...)
Pour convaincre largement, il faut être cohérent : il faut critiquer radicalement les dégâts humains, sociaux et écologiques de la politique de la PAC, du règlement Dublin II et la violence de Frontex (l’agence de répression des migrant-e-s aux frontières de l’UE), des règles budgétaires néolibérales de la zone euro, du caractère anti-démocratique des traités européens, etc… Mais cela ne peut pas se faire au nom de la défense des intérêts du capitalisme français comme du capitalisme de tout autre Etat-membre de l’UE : dans chaque pays, les capitalistes et les partis politiques à leur service ont intérêt à la casse sociale, au protectionnisme économique et au productivisme.
Dans le cadre de ces élections européennes, face aux demandes d’adhésion de l’Ukraine et de la Moldavie – pour se protéger de la Russie –, qui s’ajoutent à celles des Balkans de l’Ouest, nous exprimons un internationalisme par en bas qui prône des choix démocratiques au sein de chaque peuple concerné tout en exprimant nos critiques de l’UE.
Et quels que soient ces choix, nous construisons des liens transnationaux avec les forces progressistes - politiques, syndicales, antiracistes, féministes, LGBTQ+, écologistes - de chaque pays pour mener ensemble des luttes pour la protection et l’extension des droits égalitaires et des services publics qui doivent être la base d’une construction européenne autre que celle de l’Union européenne néolibérale. (...)
Enfin, notre gauche promeut la démocratie dans tous les domaines de la vie sociale, soutient des alternatives concrètes et systémiques au capitalisme que défendent les institutions européennes. Ce sont les solidarités internationales des luttes qui dessinent la voie d’une autre Europe : celle des convergences entre mouvements écologistes contre les projets climaticides, entre mouvements féministes post #MeToo et qui s’organisent autour de la grève féministe du 8 mars, entre syndicats de classe qui luttent contre les mêmes contre-réformes néolibérales. (...)
…et construire une alternative écologiste et sociale, radicale et unitaire
Les catastrophes sociales et environnementales causées par les politiques néo-libérales menées en Europe et la menace de cataclysmes que représente l’extrême-droite en France et en Europe nous imposent d’être à la fois radicaux et unitaires. Nous devons viser à toutes les échelles et toutes les occasions l’alliance des diverses forces de la gauche antilibérale pour faire front face aux fascistes et répondre aux enjeux sociaux et écologiques, pour rendre crédible une voie politique alternative à celle que portent les actuelles institutions européennes. Nous devons construire une nouvelle force politique, plus forte et plus populaire que ce que représentent aujourd’hui nos organisations et nos luttes, capable de constituer au sein d’une telle alliance un pôle alternatif, révolutionnaire et radicalement démocratique. C’est ce qui guidera nos choix et nos actions dans la prochaine période, pendant les élections européennes et au-delà. Nous ne pouvons pas faire autrement, il faut construire l’alternative !