
Alors que les Canaries espagnoles sont confrontées à une explosion des arrivées depuis les côtes ouest-africaines, les flux migratoires à la frontière franco-espagnole stagnent. La France, voisine de l’Espagne, ne semble pas attirer les migrants subsahariens débarqués sur l’archipel.
(...) les chiffres français n’explosent pas : 4 200 migrants ont été arrêtés depuis le début de l’année à la frontière franco-espagnole, selon la préfecture. C’est moitié moins que le total des interpellations frontalières en 2023, où 8 400 personnes en situation irrégulière ont été stoppées à la douane. Aucune entrée massive n’a donc été enregistrée ni en 2023, ni en 2024. (...)
Différents facteurs peuvent expliquer cette situation "dont le nombre de fonctionnaires mobilisés [...] ou le régime juridique applicable, qui a été complexifié par la décision du Conseil d’État du 2 février dernier [qui rappelle que les refoulements systématiques aux frontières sont interdits, ndlr]", avance les Pyrénées-Atlantiques.
"Régularisation massive et besoins saisonniers" en Espagne
Et surtout, les migrants souhaitent peut-être rester en Espagne. "La proposition de régularisation massive actuellement à l’étude [dans le pays] et les besoins saisonniers en main-d’œuvre en Espagne ont pu avoir notamment un effet de stagnation des migrants en Espagne", continue la préfecture.
En effet, Madrid planche actuellement sur un projet de loi qui, s’il est adopté par un vote final, permettra la régularisation d’un demi-million de migrants en situation irrégulière dans le pays. Il est en ce moment discuté au Congrès après avoir reçu les feu vert des députés.
Le pays dirigé par Pedro Sanchez attire aussi de nombreux saisonniers étrangers – même si les conditions de vie et de travail sont déplorables et critiquées par les ONG dans le pays. Mais une loi passée en 2022 permet aujourd’hui de régulariser les travailleurs sans papiers. (...)
Les conditions d’obtention d’un visa saisonnier, évoquées par la préfecture française, ont aussi été amendées. Le document permet désormais à un étranger de travailler jusqu’à neuf mois par an en Espagne, avec obligation de rentrer dans son pays après chaque saison de récolte. Au bout de quatre années, si les migrants remplissent toutes les conditions demandées, ces derniers peuvent demander un permis de travail et de séjour de deux ans.
Pas d’immigration massive venue d’Italie non plus
De l’autre côté de la France, dans la région transalpine cette fois à la frontière franco-italienne, le constat est le même. Les arrivées de migrants en situation irrégulière n’ont pas bondi. Le col de Montgenèvre par exemple, devenu l’un des principaux points de passage de migrants entre l’Italie et la France, n’enregistre pas d’afflux inédit d’exilés. (...)
Une diminution qui s’explique, entre autres, par une réduction des flux migratoires italiens : 45 000 migrants sont arrivés à Lampedusa depuis le début de l’année contre 132 000 en 2023 à la même période. "Les personnes en situation irrégulière proviennent essentiellement de l’Italie. Par conséquent, nos flux sont corrélés aux leurs", rappelle la préfecture des Hautes-Alpes.