A la fin des années 60, l’héroïne, d’abord marginale, séduit une jeunesse post-68 en quête de sensations fortes. Face à la diffusion nouvelle des drogues, la France adopte d’emblée une politique répressive.
À la fin des années 60, la jeunesse découvre la drogue, et plus particulièrement le cannabis, qui devient un marqueur distinctif dans une France encore très conservatrice. Les autres drogues restent encore peu répandues, et l’héroïne se fait connaître comme la drogue d’une frange de hippies et de babas cool, en quête de sensations plus fortes que celles offertes par le cannabis, au tournant des années 70.
Le nombre de ces consommateurs reste encore marginal, concentré dans les grandes villes comme Paris ou Marseille. À Paris, ils se retrouvent notamment dans les quartiers de Saint-Michel ou de l’Odéon. Michel Kokoreff, sociologue, explique : « L’héroïne entre dans l’ère de masse, on va dire, dans les années 60, progressivement. On sort alors des milieux très, très isolés : artistes, intellectuels, parfois ceux qui ont fait les colonies et reviennent toxicomanes, qui touchent une jeunesse étudiante, plutôt issue des classes moyennes. L’héroïne, il faut bien le dire, est un produit mythique, un produit flamboyant. »
La sociologue Anne Coppel rappelle qu’il s’agit d’abord d’un phénomène qui s’étend dans une atmosphère à la fois festive et révolutionnaire, avec des stars qui consomment, et où la drogue devient une pratique partagée par les jeunes. (...)
Avec :
- Malika, ancienne consommatrice
- Anne Coppel, sociologue
- Michel Kokoreff, sociologue
- Alexandre Marchant, historien
- Fabrice Olivet, historien
- Aude Lalande, ethnologue
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