
Des milliers de migrants subsahariens vivent dans les oliveraies autour de la ville de Sfax dans des conditions inhumaines. L’hiver et les destructions régulières des campements par la police ont aggravé la situation. Fin décembre, deux exilés sont morts, intoxiqués au monoxyde de carbone après avoir allumé un feu dans leurs tentes.
(...) "Elle avait probablement eu très froid et elle a allumé un feu avec du charbon pour se réchauffer mais elle est morte intoxiquée par du monoxyde de carbone", a expliqué à InfoMigrants ce médecin anesthésiste originaire de Sierra Leone, lui-même candidat au départ. "Nous avons ensuite appelé la police et ils sont venus récupérer le corps." (...)
L’hôpital de Sfax n’a pas pu confirmer à InfoMigrants la mort des deux exilés mais la rédaction a pu consulter des preuves en images de leur décès.
Faire de la prévention
Dans l’océan de misère de ces campements établis en pleine nature, le docteur Ibrahim s’emploie, avec cinq infirmières, elles aussi exilées, à soigner ce qui peut l’être. Pour cette petite équipe médicale, cela revient à faire de la médecine de crise avec un stéthoscope, un tensiomètre, quelques bandages et de quoi suturer des plaies lorsque le matériel a réussi à atteindre les campements grâce à l’aide discrète de Tunisiens ou d’exilés. (...)
Mais le médecin ne se contente plus de soigner, la prévention fait dorénavant partie de sa mission. Car la mort de Bintou n’est pas le premier drame causé par le monoxyde de carbone.
Le 19 décembre, Francis, un Ghanéen de 23 ans, était déjà mort d’une intoxication, dans des circonstances similaires. De quoi faire craindre au médecin volontaire que ces décès se multiplient dans les campements de fortune des oliveraies car les nuits sont froides et les exilés manquent de couvertures pour se tenir chaud.
Saikou, un migrant vivant dans les oliveraies contacté par InfoMigants, explique dormir à cinq sous une tente de fortune, pour se tenir chaud, en vain. Ce Gambien, présent en Tunisie depuis un an et demi, explique n’avoir pas d’argent pour s’acheter une veste ou une couverture. Lui aussi dit avoir recours à des feux de camp parfois pour combattre le froid. (...)
Les campements de migrants des oliveraies sont régulièrement détruits par les forces de l’ordre. Les migrants qui ont perdu leurs affaires risquent alors de vouloir se réchauffer en allumant des feux dans des abris reconstruits à la hâte.
Hausse des départs et des retours
Depuis le discours xénophobe de février 2023 du président Kaïs Saïed, les migrants subsahariens sont harcelés en Tunisie. (...)