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Basta !
En Russie et ailleurs, les journalistes sous la cybermenace en période d’élections
#medias #internet #journalistes #elections #cyberattaques
Article mis en ligne le 24 mars 2024
dernière modification le 22 mars 2024

Le 17 mars, Vladimir Poutine a officiellement obtenu un score de 87 % des votes lors de l’élection présidentielle russe, entérinant sa reconduction à la tête de la Russie pour sa 31ème année au pouvoir. Ce fut un « simulacre d’élections », selon l’organisation de défense du droit de vote Golos. Ce « record » de voix permet au président russe de se prétendre totalement légitime, plus de deux ans après le déclenchement de la guerre contre l’Ukraine.

Ce chiffre de 87 % , de nombreux médias, russes comme occidentaux, l’ont relayé sans difficulté. Peu d’entre eux avaient les moyens et la volonté de raconter les coulisses de la manipulation électorale, de l’ampleur de la fraude – plusieurs bourrages d’urnes ont été filmés par des citoyens russes – et d’un niveau de répression toujours plus élevé contre ce qui reste de l’opposition. (...)

Intense campagne de cyberattaques

Preuve que ces médias inquiètent le pouvoir russe, ils font face à de nombreuses menaces. Un mois avant l’élection, au moment de la mort en détention de l’opposant politique Alexeï Navalny, Meduza raconte avoir vécu « la campagne de cyberattaques la plus intense de son histoire ». (...)

Le média dissident avance l’hypothèse que ces attaques s’inscrivent dans une tendance du pouvoir politique à bloquer les moyens de communication, à couper localement Internet ou à interférer avec les applications de messagerie. Des tentatives qui « ressemblent à des préparatifs des autorités pour imposer des blocages Internet généralisés », craint Meduza. Dans un autre article, le média explique comment il se prépare à une telle coupure, pour continuer d’informer les « millions de lecteurs de Meduza [qui] vivent en Russie et comptent sur [ses] reportages pour obtenir des informations exactes sur le monde ». (...)

Les rédactions de Novaya Gazeta comme de Meduza ont dû se résoudre à l’exil pour continuer d’informer. Les journalistes de ce dernier travaillent aujourd’hui depuis Riga, la capitale lettone. Novaya Gazeta Europe a été lancée de son côté par les anciens du site d’investigation russe du (quasi) même nom, Novaïa Gazeta, forcés à l’exil peu après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février 2022. Quelques mois plus tard, le pouvoir russe les étiquette comme « organisation indésirable ». Le média, basé également en Lettonie, possède des antennes en Allemagne et en France.

Cette expérience commune de ces médias russes montre une chose : Internet est aussi dangereux qu’essentiel pour les journalistes. Dangereux, car ils sont exposés aux cyberattaques, aux menaces et au harcèlement. Essentiel, parce que, lorsque les kiosques et les postes de radio et télévisions ne proposent que du contenu contrôlé, il ne reste guère que l’ordinateur ou le smartphone pour recueillir les témoignages et documents envoyés de l’intérieur de la Russie et informer librement.

Des coupures d’Internet dans 35 pays (...)

Au Brésil, la campagne de 2022 suivant le mandat de Jair Bolsonaro (qui se représentait) a vu « un journaliste harcelé en ligne toutes les trois secondes » par des comptes en faveur du président sortant, rapporte Reporters sans frontières. La majorité des professionnels harcelés étaient des femmes.

Au Pakistan, durant les élections du 8 février dernier, l’accès à Internet et aux données mobile a été interrompu, rapporte la Pakistan Press Foundation. L’organisation de surveillance des droits numériques Access Now a compté le nombre de coupures d’accès à Internet dans le monde ces dernières années. Ce moyen de « réduire les gens au silence » est de plus en plus utilisé (...)

Si autant de pouvoirs autoritaires s’intéressent à Internet, c’est bien que le cyberespace est devenu un endroit incontournable de l’expression publique. Il permet à celles et ceux qui n’ont plus de voix dans leur pays d’en retrouver une, aux mouvements de résistance de s’organiser, aux informations de circuler et aux journalistes en exil de continuer de raconter ce qu’il se passe. Il nous faut les lire, les soutenir et nous battre pour la liberté de la presse chez nous – elle n’est pas utile qu’à nous. (...)