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The Nation / Yanis Varoufakis, ancien ministre des finances de la Grèce et cofondateur du Mouvement pour la démocratie en Europe 2025.(traduction DeepL.com/Translator)
En poursuivant la persécution de Julian Assange, le gouvernement américain montre le peu de cas qu’il fait de la liberté de la presse. Biden supervise la mort silencieuse du premier amendement
#Assange #libertedelapresse #wikikeaks #USA #Biden
Article mis en ligne le 12 décembre 2023
dernière modification le 11 décembre 2023

Au début de l’année 2024, un nouveau chapitre sombre pourrait s’écrire dans les annales de l’histoire du journalisme. Julian Assange, l’éditeur de Wikileaks, pourrait prendre l’avion pour être extradé vers les États-Unis, où il risque jusqu’à 175 ans de prison pour espionnage, au motif qu’il a publié des informations dignes d’intérêt.

La persécution d’Assange est la preuve évidente que l’administration Biden supervise la mort silencieuse du premier amendement, avec des conséquences mondiales.

Les révélations de Bob Woodward et Carl Bernstein lors du scandale du Watergate sont considérées comme le triomphe de la vérité sur le pouvoir. Leur enquête a conduit à la chute du président Nixon, consolidant leur statut de champions de la liberté de la presse. Mais que se serait-il passé si cette histoire avait pris une tournure sombre, les journalistes étant poursuivis pour espionnage et réduits au silence sous prétexte de sécurité nationale ? Bien qu’il s’agisse d’une simple fiction, le sort d’Assange n’est que trop réel.

M. Assange, porte-drapeau du journalisme d’investigation de notre époque, attend son extradition dans une cellule britannique de la prison de Belmarsh, un sort qui pourrait étouffer le phare de la transparence qu’il représente. À l’heure où le monde est confronté à l’érosion de la liberté de la presse, où des journalistes sont emprisonnés et tués, le cas d’Assange soulève de profondes questions sur les conséquences de la contestation du pouvoir et du dévoilement de réalités gênantes.

L’héritage de WikiLeaks ne se limite pas à la dénonciation des fautes commises par les gouvernements ; il perce le voile du secret qui entoure les affaires mondiales. La publication de Collateral Murder, les images obsédantes d’une attaque d’hélicoptères Apache à Bagdad en 2007 montrant le meurtre de plusieurs civils, dont deux journalistes de l’agence Reuters, a choqué le monde entier. Comme nous l’avons vu au cours des deux derniers mois, les meurtres de civils et de journalistes en temps de guerre se poursuivent. Au cours des deux derniers mois, les bombardements israéliens sur Gaza ont tué des dizaines de journalistes, selon le Comité pour la protection des journalistes. Jeudi, des groupes de défense des droits de l’homme ont établi qu’Israël avait délibérément tiré sur un journaliste de l’agence Reuters dans le sud du Liban, ce qui constitue un crime de guerre flagrant.

L’objectif du ciblage des journalistes est de maintenir l’information là où les gouvernements la veulent, c’est-à-dire sous clé. C’est pourquoi Wikileaks représente une telle menace, car, depuis sa création, il s’efforce sans relâche d’arracher ces informations aux mains des puissants pour les mettre entre les mains du peuple.

Wikileaks a non seulement révélé les pertes civiles, la torture et d’autres violations des droits de l’homme dans le cadre de projets tels que les journaux de guerre en Irak, mais a également publié des documents qui offrent un aperçu inestimable des conflits qui font encore rage aujourd’hui. Par exemple, les câbles publiés par Wikileaks dans le cadre du "Cablegate" de 2010 montrent la politique d’Israël à l’égard de Gaza dans les années qui ont suivi la victoire électorale du Hamas en 2006 et la prise de contrôle de la bande de Gaza par le groupe en 2007. Selon ce câble, Israël a estimé que la montée en puissance du Hamas à Gaza lui serait bénéfique car elle permettrait à l’armée israélienne de "traiter Gaza comme un État hostile" et a donc rejeté une demande d’aide de l’Autorité palestinienne pour vaincre le Hamas. La politique israélienne à l’égard de la bande de Gaza sous blocus consistait à "maintenir l’économie gazaouie au niveau le plus bas possible, tout en évitant une crise humanitaire".

Ces informations sont essentielles et nous avons besoin de plus d’informations. C’est pourquoi nous trois, en tant que membres du Belmarsh Tribunal - un groupe d’experts qui se réunit à intervalles réguliers pour présenter des preuves de la persécution d’Assange - élevons nos voix ensemble pour libérer la vérité et libérer Assange.

L’affaire d’extradition contre Assange entre à présent dans sa phase finale, sa dernière audience devant le tribunal britannique étant prévue pour le début de l’année 2024. Il pourrait alors être emmené aux États-Unis pour y être inculpé au titre de la loi sur l’espionnage (Espionage Act). On ne saurait trop insister sur les conséquences potentielles pour le journalisme qui défie le pouvoir et recherche la vérité.

L’application de la loi sur l’espionnage aux États-Unis crée un précédent effrayant qui se répercute bien au-delà du sort individuel d’Assange. La réduction au silence d’un chercheur de vérité envoie un message dangereux, signalant le déclin de la résistance d’une presse libre face aux forces de l’autoritarisme.

La dernière réunion du tribunal a lieu samedi à Washington (The Nation est l’un des coparrains de l’événement). L’une d’entre nous, Lina Attalah, rédactrice en chef de la publication égyptienne Mada Masr, n’est pas en mesure d’y assister en personne. Les reportages de sa publication sur l’assaut en cours contre Gaza ont soulevé l’ire de l’État égyptien, allié des États-Unis. Si les États-Unis peuvent emprisonner ceux qui révèlent des actes de torture et persécuter les journalistes qui révèlent des vérités, qu’est-ce qui arrête les alliés autoritaires du gouvernement américain ?

En défendant Assange, nous défendons le droit de savoir, de questionner et de défier le pouvoir. Les échos de l’histoire nous rappellent que la lutte pour la liberté de la presse se poursuit et que le sort de Julian Assange est un test décisif pour la résistance de la vérité face à l’oppression. Le monde a besoin de plus de journalisme qui affronte sans crainte le pouvoir, pas moins.

La pression monte sur l’administration Biden pour qu’elle libère Julian Assange. Ce n’est pas seulement la vie d’un homme qui est en jeu, mais le premier amendement et la liberté de la presse elle-même. Tant que la loi sur l’espionnage sera utilisée pour emprisonner ceux qui ont dénoncé des crimes de guerre, aucun éditeur ni aucun journaliste ne sera en sécurité.