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En France, le long parcours d’obstacles des réfugiés LGBTQ+
#migrants #immigration #refugies #LGBTQ+ #France
Article mis en ligne le 23 novembre 2024

En fuyant leur pays en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, ils espéraient pouvoir enfin vivre librement. Mais si la France prend mieux en compte ces populations, les diverses réformes de l’immigration fragilisent ces parcours encore marqués par la persistance des discriminations contre les LGBTQ+.

Djimmy se lance dans une histoire qu’il a déjà racontée des dizaines de fois depuis le début de son parcours. "Je suis gay depuis mon enfance mais je l’ai toujours caché par rapport à ma famille, à la société, à la religion musulmane", explique-t-il d’une voix calme. Il déroule les années à "porter un masque" jusqu’à accepter une fiancée. L’humiliation quand il est arrêté par la police avec son copain, lui le chirurgien reconnu. Et puis la décision de partir, malgré la peur de tout perdre, le jour de ses 40 ans, après d’énièmes pressions de sa famille : "Ils me disaient que je finirai comme un chien, seul".

Pour lui, comme pour Djimmy, Patrick, Javier ou Ashley, la France sonnait comme une promesse de liberté. Mais le chemin s’est avéré un long parcours du combattant. Car si la route de l’exil n’est jamais toute tracée, les obstacles qui se dressent quand on est réfugiés et gay, lesbienne ou trans sont encore plus nombreux à négocier. Les discriminations et violences, auxquelles ils sont particulièrement exposés, s’ajoutent à leur situation de précarité.

"J’arrive à raconter sans pleurer, mais cela n’a pas toujours été le cas". Six ans après son arrivée en France, Javier sort un peu la tête de l’eau, le trentenaire est toujours suivi psychologiquement. En fuyant son pays natal, la Colombie, il voulait rompre avec la violence : celle des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui les ont poussés, lui et sa famille, à quitter leur maison, des paramilitaires qui ont tué sa sœur quand il était enfant, de son père et de la société dont il subissait les brimades. Il s’extirpe de son milieu à la force de ses études, devient juriste et finit par travailler à la réinsertion des anciens FARC après la signature des accords de paix. Mais il est menacé en raison de son engagement et de son homosexualité.

Pour lui, la France c’est "le pays de la liberté, de l’amour, une utopie". C’est donc là qu’il décide de poser sa valise. Il évoque aujourd’hui "sa désillusion totale". (...)

 :"La plupart des personnes qu’on accompagne ne savent pas qu’elles peuvent demander l’asile parce qu’elles sont trans".

Un manque d’information qui peut avoir des conséquences, en retardant la demande d’asile et donc toute la procédure, d’autant que depuis la loi asile et immigration de 2018, le délai de dépôt de la demande a été réduit à 90 jours après l’arrivée en France. Au-delà, les demandeurs d’asile peuvent se voir refuser l’accès aux "conditions matérielles d’accueil" fournies par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), à savoir une proposition d’hébergement et l’allocation pour demandeurs d’asile (ADA), essentiels pour subsister en attendant l’obtention du statut de réfugié. (...)