
Près de 400 militants de la Confédération paysanne ont investi la chambre d’agriculture de Maine-et-Loire, à Angers, le 3 octobre. Ils dénoncent un conflit d’intérêts dans le refus d’une installation bio.
Angers (Maine-et-Loire), reportage
« La Safer veut pas installer, on s’installe à la Safer. » C’est avec ce slogan que près de 400 militants ont installé canapés, tables et réchauds dans le hall de la chambre d’agriculture [1] de Maine-et-Loire à Angers, jeudi 3 octobre. Objectif, faire pression sur cette Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), accusée de favoritisme et de collusions avec le puissant syndicat agricole FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), après sa décision de refuser un projet d’installation bio sur la commune de Denée (Maine-et-Loire).
Les militants ont interpellé son président et son directeur en début d’après-midi.
Le dossier est « le sommet de l’iceberg », selon les mots du secrétaire national de la Confédération paysanne Thomas Gibert. Il est surtout emblématique.
Sur le papier, le projet cochait pourtant toutes les cases. Quatre jeunes trentenaires, dont trois techniciens de structures proches de la Confédération paysanne, voulaient créer un élevage bio de 60 vaches allaitantes limousines avec céréales et maraîchage en vente directe. Pour s’installer sur les 170 hectares de cette ferme des Joncs, dont le propriétaire va déménager à la fin de l’année, ils ont créé au printemps dernier une société civile immobilière agricole. Pas moins de 270 citoyens ont pris des parts, 685 000 euros ont été collectés en seulement trois semaines. De quoi convaincre une banque de les suivre.
Des candidats apparemment sérieux, un projet économiquement solide, pas de raison de douter qu’il ne puisse aboutir. (...)
La Confédération paysanne accuse la Safer d’avoir suivi les consignes des syndicats FDSEA et Jeunes agriculteurs. De fait, sur les vingt-quatre membres du conseil d’administration de la Safer, au moins treize sont ou ont été adhérents de la FDSEA. (...)
Les porteurs du projet ont déposé un recours auprès du commissaire du gouvernement, qui a trois semaines pour valider ou non la décision de la Safer.