
Mardi 8 avril, la plus haute juridiction française a confirmé l’incarcération en métropole de Christian Tein, militant indépendantiste de la CCAT, à plus de 17 000 km de chez lui. Une décision qui légitime les méthodes coloniales de l’Etat français pour réprimer la lutte pour l’autodétermination de la Kanaky.
La Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Christian Tein, dirigeant de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), président du FLNKS et figure majeure du mouvement indépendantiste kanak. Il contestait sa détention provisoire dans l’Hexagone, au centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin), où il est incarcéré depuis le 19 juin 2024, à plus de 17 000 km de Kanaky.
En octobre 2024, une première décision de placement en détention en métropole avait été annulée par la Cour de cassation, en raison d’une atteinte grave aux droits de la défense. En effet, les entretiens en visioconférence entre Christian Tein et son avocat basé à Nouméa avaient été enregistrés par le ministère public, en violation du secret professionnel.
Toutefois, un mois plus tard, la cour d’appel de Nouméa a confirmé sa condamnation à l’issue de nouveaux débats, eux-mêmes contestés par Christian Tein et son avocat, conduisant à un second pourvoi en cassation rejeté, ce mardi 8 avril. Christian Tein et sept autres membres de la CCAT sont accusés de « complicité de tentative de meurtre, vol avec arme, destruction par un moyen dangereux en bande organisée, association de malfaiteurs et participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des destructions ».
Des chefs d’accusation grotesques qui visent avant tout à criminaliser les mobilisations en faveur de l’autodétermination du peuple kanak et ses militants après les révoltes massives provoquées par l’adoption du dégel du corps électoral. (...)
Cette décision est clairement politique. Elle vient valider la décision de déporter les indépendantistes, les incarcérer le plus loin possible de la Kanaky, les éloigner de leurs familles et de leurs avocats. Ces pratiques, qui n’avaient plus été utilisées depuis les années 1980, s’inscrivent dans une longue tradition de déportations coloniales de prisonniers politiques, illustrant la brutalité avec laquelle l’État français réprime les mouvements qui menacent sa domination impérialiste dans les Outre-mer.
Cette décision appelle à une véritable campagne de masse en faveur de la libération de tous les prisonniers politiques de la CCAT. Sur ce plan, un meeting pour la libération des prisonniers kanak se tenait cette semaine à Paris et a réuni quelques centaines de personnes (...)
Dans un contexte de crise du régime en France et de recul de l’impérialisme français à l’échelle internationale, il est plus que jamais nécessaire de défendre le droit à une véritable auto-détermination pour le peuple kanak.