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Emploi des migrants : l’Espagne affiche le taux d’activité le plus haut de l’UE
#migrants #immigration #Espagne #emploi #precarite
Article mis en ligne le 17 août 2024
dernière modification le 15 août 2024

Pays d’entrée en Europe pour des milliers d’étrangers chaque année, l’Espagne possède le taux d’emploi le plus élevé pour cette catégorie de population : près de 80 % ont un travail. Si le chiffre est encourageant, il peine à masquer la situation qui prévaut pour de nombreux exilés dans le pays qui, par manque d’opportunités professionnelles, sont contraints de se tourner vers le secteur informel.

Pour les migrants, travailler en Espagne est plus facile qu’ailleurs dans l’Union européenne (UE). C’est l’une des conclusions d’une étude de la Banque nationale publiée la semaine dernière. D’après l’institution, le taux d’emploi des exilés - qui disposent d’un titre de séjour dans le pays - s’élève à 78 %, devant l’Allemagne (73 %), l’Italie (71 %) et la France (70 %).

Des chiffres rendus possibles grâce à un contexte économique post-pandémie favorable. Depuis 2020, "l’accès à l’emploi des migrants s’est accéléré", note l’étude. Fin 2023, les travailleurs migrants représentaient d’ailleurs 30 % des emplois créés en Espagne depuis la pandémie, soit 2,67 millions de personnes, selon les chiffres de la Sécurité sociale cités dans le rapport.

La majorité de ces travailleurs récemment arrivés en Espagne - un des principaux pays d’entrée de l’Union européenne - sont originaires d’Amérique du Sud, d’Afrique subsaharienne, du Maroc et d’Algérie. Les latino américains représentent pour leur part 65 % des étrangers extra européens présents dans le pays. (...)

Ces personnes sont employées dans les secteurs où la main-d’œuvre étrangère est plus importante, à savoir l’hôtellerie, le commerce, et la construction. "Les emplois de bureau peu qualifiés et à faible rémunération, notamment dans les centre d’appels" sont aussi très pourvoyeurs de travailleurs étrangers. Dans ces secteurs, les migrants occupent généralement des postes qui "ne nécessitent pas un niveau de formation élevé et avec des conditions plus défavorables ", indique la Banque.

"Le nettoyage, les travaux dans les champs, la livraison ... voilà les secteurs dans lesquels on nous accepte, nous les étrangers, liste de son côté Lamine Sarr, Sénégalais arrivé par les Canaries en 2006 et installé à Barcelone. Même si on a fait des études, qu’on présente un CV, ça reste difficile de trouver autre chose quand on vient d’arriver", affirme-t-il à InfoMigrants.

"Mais cette tendance n’est pas immuable", d’après la Banque d’Espagne. Depuis 2008, "on constate une augmentation du nombre d’étrangers dans des activités plus qualifiées". (...)

Un décalage persiste tout de même entre les profils des exilés et les emplois disponibles. D’après la Banque d’Espagne, 50 % des travailleurs étrangers sont surqualifiés, contre 30 % en France et en Allemagne.

Diplômé en économie, Fernando Santi, s’est résolu à accepter un poste dans le bar d’un hôtel puis dans un restaurant à Madrid, "après de nombreuses tentatives pour postuler à des emplois dans son secteur", indique le journaliste cubain Harold Iglesisas Manrensa dans un article. Ce n’est qu’après deux années d’intense recherche que Fernando Santi a finalement trouvé un poste à la hauteur de ses exigences dans une entreprise pharmaceutique.

Faciliter l’accès au travail

Ces dernières années, l’Espagne a pris plusieurs mesures pour faciliter l’accès à l’emploi de ces exilés qui s’installent sur son territoire. (...)

obtenir un titre de séjour de 12 mois, à une condition : effectuer une formation dans les secteurs qui manquent de main-d’œuvre. À savoir, le tourisme, les transports, l’agriculture et la construction.

La nouvelle loi a également apporté un changement fondamental pour les migrants concernés par le regroupement familial (...)

En octobre 2021, une autre réforme avait été promulguée pour faciliter l’obtention de titres de séjour pour les mineurs et les jeunes étrangers. Les délais de traitement des dossiers ont été raccourcis, les renouvellements des permis de séjour facilités, ainsi que l’accès au travail des mineurs devenus majeurs. La mesure peut profiter actuellement à 7 000 migrants.
Un chômage tenace

Si de nombreuses personnes ont pu bénéficier de ces récentes mesures, accéder à un travail reste pour beaucoup d’autres une gageure. D’après Eurostat, office chargé des statistiques des Ving-Sept, 18,9 % des personnes nées en dehors de l’UE sont au chômage en Espagne, contre 11,6 % des Espagnols.

Pour les migrants nouvellement arrivés, la recherche d’emploi constitue "une folle course contre la montre", (...)

"Bien sûr, il existe un ‘univers parallèle’ au sein du marché du travail, communément appelé travail au noir, dans les secteurs du tourisme, de la construction, de la mécanique, du nettoyage ou de livraison", explique le journaliste. "La majorité de ces postes sont pourvus par les migrants les plus nécessiteux", et par beaucoup de sans-papiers. (...)

"On ne nous respecte pas"

Pour gagner un salaire malgré tout, certains migrants se tournent vers des emplois saisonniers, plus facile d’accès mais dont les conditions de travail sont très précaires. Dans certaines régions agricoles d’Espagne, la situation des travailleurs sans papiers ou disposant d’un permis de travail saisonnier est déplorable. Environ 3 000 migrants vivent dans des campements informels situés dans la région d’Huelva, dans le sud-ouest du pays, où pullulent les champs de tomates et de fraises. (...)

Dans ces bidonvilles, les travailleurs n’ont accès ni à l’eau ni à l’électricité. Les soins de santé sont inexistants et l’insalubrité omniprésente. (...)