
À trop côtoyer le 47e président des États-Unis, le milliardaire finit par adopter ses manières : sur X, son réseau social, le propriétaire de Tesla relaye de fausses informations et rit du combat contre le complotisme. Attaque contre Wikipédia, contre les journalistes... L’homme le plus riche de la planète ne se refuse rien.
Lorsqu’il s’est offert Twitter pour 44 milliards de dollars, Elon Musk promettait un nouvel âge d’or de la liberté d’expression. À peine arrivé, il levait le bannissement de Donald Trump, exclu du réseau pour avoir incité à la violence lors des événements du Capitole en 2021.
Avec une politique « zéro contrôle », le milliardaire entendait offrir un espace de liberté rêvé, au plus grand bonheur des complotistes, robots, et trolls qui ont saisi l’occasion d’envahir la plateforme. Depuis, les théories les plus farfelues, autrefois filtrées, se propagent désormais sans retenue, au grand dam des médias traditionnels qui peinent à émerger dans cette étendue de fake news.
X, une vitrine politique pro-Trump
C’est ainsi qu’Elon Musk a créé son arme politique ultime. Et c’est tout récemment que le milliardaire a choisi de l’utiliser, en se positionnant comme un soutien majeur dans la campagne présidentielle de Donald Trump. (...)
Wikipedia dans le viseur du milliardaire
Mais l’appât du gain ne semble pas avoir de limites et, dernièrement, le patron de Space X s’est attaqué à Wikipedia. En octobre 2023, le milliardaire avait déjà proposé au site internet un milliard de dollars pour qu’il change son nom en « Dickipédia », un jeu de mots douteux à connotation sexuelle.
Aujourd’hui, il réitère sa missive, et rebaptise publiquement Wikipédia « Wokepedia », accusant l’encyclopédie en ligne de céder aux sirènes du « wokisme », ce terme péjoratif souvent brandi pour critiquer les pensées progressistes, en particulier celles de gauche.
Le milliardaire appelle ses 209 millions d’abonnés sur X à couper leurs dons à la plateforme participative, menaçant ainsi directement sa viabilité financière. Derrière cette campagne, une stratégie claire : fragiliser l’un des derniers espaces de savoir collectif au profit de ses propres croisades idéologiques.
Les journalistes, « ennemis du peuple »
Musk à la manœuvre, encore et toujours. Cette fois, le milliardaire s’attaque à ses bêtes noires : les journalistes. (...)
« You are the media now » (vous êtes désormais la presse), a-t-il proclamé dans un tweet retentissant au lendemain de l’élection présidentielle, martelant sa volonté de reléguer le journalisme au passé. Une idéologie inquiétante pour un homme de pouvoir : Elon Musk va bientôt prendre la tête d’un ministère de l’« efficacité gouvernementale », dans l’une des plus grandes puissances du monde. (...)
« X est devenue une prison »
Ce climat délétère a poussé plusieurs médias à quitter la plateforme. Dernier en date : Mediapart, qui a annoncé son départ pour protester contre la tournure réactionnaire et complotiste que prend le réseau. (...)
« Comme contre-pouvoir, nous nous opposons à ce renversement des valeurs. Cela implique d’abord et avant tout de refuser de nous laisser enfermer dans le cadre choisi par les ennemis de la liberté d’informer et du pluralisme. » Et d’ajouter : « X est devenue une prison, c’est-à-dire un lieu de soumission ». (...)
« Nous n’acceptons pas qu’un libertarien d’extrême droite nous silencie et nous enchaîne », poursuivent-ils, avant d’annoncer déplacer leur présence sur Mastodon et Bluesky. Un choix effectif dès le 20 janvier 2025, jour de l’investiture de Donald Trump à la Maison-Blanche.