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Élections au Venezuela : Chronique d’une manipulation annoncée
#Venezuela #elections #democratie
Article mis en ligne le 6 août 2024
dernière modification le 4 août 2024

Les élections populaires sont un pilier fondamental des sociétés démocratiques modernes, car elles permettent aux citoyens de participer à la sélection de leurs représentants politiques. Grâce à ce mécanisme, les citoyens élisent les personnes qui dirigeront les institutions de l’État, lesquelles sont chargées d’établir les règles, les politiques et les lignes directrices qui régissent le fonctionnement de la société dans son ensemble. Qu’il s’agisse de la distribution des ressources, de la fourniture de services publics, de la régulation des activités économiques ou de la garantie des droits fondamentaux, les décisions prises par les institutions de l’État ont un impact direct sur la vie quotidienne des citoyens. Par conséquent, en exerçant leur droit de vote, les citoyens n’élisent pas seulement leurs représentants, mais influencent également l’organisation et l’évolution de la société.

Pour que les élections populaires soient démocratiques, il est important de répondre à certaines exigences fondamentales. Tout d’abord, la liberté d’expression doit être garantie, ce qui permet aux candidats et aux citoyens d’exprimer leurs idées et leurs opinions sans crainte de représailles. En outre, le processus électoral doit être transparent, avec des règles claires et des mécanismes de contrôle indépendants pour garantir l’intégrité des résultats. Tous les candidats et partis politiques doivent avoir la possibilité de faire campagne, sans avantage injuste ni discrimination. En outre, il est essentiel qu’il n’y ait pas de manipulation ou de fraude à tous les stades du processus, depuis l’inscription des électeurs jusqu’au décompte des voix.

Un autre aspect fondamental de la légitimité des élections est la séparation des pouvoirs de l’État. (...) Ce n’est qu’ainsi que des élections représentatives de la volonté du peuple peuvent être organisées.

Malgré les difficultés et les défauts inhérents aux démocraties représentatives, comme la possibilité que les représentants élus ne tiennent pas leurs promesses ou ne répondent pas aux attentes des citoyens, ou que les intérêts de certains groupes de pouvoir l’emportent sur le bien commun, les élections populaires restent un mécanisme essentiel pour la coexistence pacifique et le développement personnel des individus.

Ce qui se passe au Venezuela depuis de nombreuses années est grave et ne peut nous laisser indifférents. Il n’est pas acceptable que des millions de personnes aient dû quitter leur maison et leur pays en raison du niveau de crise politique, sociale et économique qui les affecte.

Malheureusement, les élections du 28 juillet au Venezuela ont été entachées d’irrégularités bien avant qu’elles n’aient lieu. (...)

Premièrement, le vote électronique présente des risques de fraude plus importants que le vote conventionnel, qui s’effectue au moyen de bulletins de vote en papier dans des urnes physiques. (...)

Deuxièmement, les conditions technologiques et infrastructurelles doivent être adéquates pour minimiser le risque de problèmes dans l’approvisionnement en électricité ou dans le système de communication. Le Venezuela est loin de satisfaire aux normes des pays développés en matière de technologies numériques. (...)

Troisièmement, et en rapport avec ce point, les hôtes, c’est-à-dire le gouvernement qui organise l’élection, ont l’obligation de veiller à ce que le processus soit mené de manière transparente. Toutes les options politiques participantes devraient avoir la possibilité, sans entrave ni difficulté, de surveiller le déroulement de l’élection, depuis le moment où les électeurs votent jusqu’à la fermeture des bureaux de vote et au traitement des informations.

Dans la sphère politique, il est courant d’assister à des élections où les options sont fortement polarisées et confrontées à l’agressivité, voire à la violence. (...)

Il est vrai que les perdants se plaignent parfois et remettent en question les résultats, mais dans ces cas, il est possible de vérifier les résultats grâce à l’existence de moyens fiables, tels que les procès-verbaux physiques, les enregistrements électroniques sécurisés et la présence d’observateurs impartiaux. Ces mécanismes rendent la falsification des résultats extrêmement difficile, voire impossible, ce qui contribue à la légitimité et à l’acceptation du processus électoral. (...)

En outre, la privation du droit de vote de millions de Vénézuéliens vivant à l’étranger, dont beaucoup ont été contraints de quitter le pays en raison de la crise politique, économique et humanitaire, constitue une violation flagrante des principes démocratiques.

Mais le plus scandaleux et le plus illégitime est la proclamation de Nicolás Maduro comme vainqueur avec un vote prétendument « irréversible », alors que, parallèlement, un « piratage » du système électronique a été dénoncé. Cette contradiction est absurde et soulève de sérieux doutes quant à l’intégrité du processus. (...)

L’élection de Maduro est une farce qui ne nuit pas seulement aux Vénézuéliens, mais qui nous affecte tous, en particulier les Latino-Américains. Ceux qui justifient les irrégularités qui ont entaché ce processus ne défendent aucune révolution ni ne protègent aucun peuple de l’ »impérialisme ». Au contraire, ils soutiennent une élite qui s’est accrochée au pouvoir politique et qui a retiré le pouvoir de décision au peuple.

Le slogan « tout pour le peuple, mais sans le peuple » est ancien et provient précisément de la pensée monarchiste. Dans le monde d’aujourd’hui, une élection faussée et manipulée par un gouvernement, quelle que soit son origine, est ce que certains aiment appeler « un recul civilisationnel ».

En conclusion, les élections du 28 juillet au Venezuela sont la preuve d’un net recul en termes de démocratie et de droits de l’homme. (...)