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Editions de l’Atelier
Ecouter le travail vivant. Nouveaux chemins cliniques, de Christophe Dejours
#Travail #ChristopheDejours
Article mis en ligne le 5 novembre 2024
dernière modification le 2 novembre 2024

Que permet l’écoute du travail ? Dans cet ouvrage, Christophe Dejours, inventeur de la psychodynamique du travail, encourage six psychologues à investiguer, chacun·e par une étude de cas, la centralité du travail dans la cure thérapeutique. Inviter le·la patient·e à raconter son travail, c’est faire surgir des résonances symboliques avec son histoire intime et lui permettre de déchiffrer les coordonnées de son désir : au travail, on se travaille.

L’écoute clinique du travail conduit ainsi à mettre au jour les conflits auxquels le sujet se confronte, les rapports de pouvoir et de domination à l’œuvre, faisant de tout travail un « travail vivant » ancré dans la vie subjective et affective de chacun. En somme, l’écoute du travail ouvre la possibilité d’emprunter de nouveaux chemins cliniques.

Christophe Dejours - Qu’est-ce que le travail vivant ?
 voir la video sur Invidious (pas ou peu de pistage)


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(...) Le nom de Christophe Dejours est sans doute lié chez nos contemporains à l’irrépressible médiatisation des suicides sur le lieu de travail. Les plus informés doivent aussi l’associer à ses attaques virulentes contre le mouvement de pensée porté par le prix Nobel d’économie 1978, Herbert Simon, et relayé par les noms de Michel Crozier, Ulrich Beck ou François Ewald. Un mouvement de pensée qui assura la victoire de la rationalité instrumentale ou stratégique sur l’approche subjective de l’être humain, saisi individuellement ou collectivement. Mais il semble difficile de cantonner Christophe Dejours à une critique négative même s’il ne la renierait sans doute pas, lui qui va jusqu’à voir dans les formes actuelles d’organisation du travail, la base d’expérimentation des nouvelles formes de domination sociale.

Dépositaire du message de mai 68 qui fut le premier à interroger le rapport entre le travail et la construction de soi, Christophe Dejours fut au départ un acteur des politiques publiques initiées par la grande peur du patronat devant les plus grandes grèves que la France ait jamais connues. Une suite au taylorisme devait être inventée pour éviter la fin de la société et du capitalisme, et le CNAM eut à gérer des bourses dont Christophe Dejours bénéficia. Le contrat de recherche imposait de mener un projet qui alliait un approfondissement de sa discipline d’origine, pour lui la médecine et la psychanalyse, et l’apprentissage d’une nouvelle, ce fut l’ergonomie au CNAM. De cette alliance, Christophe Dejours a tiré une « psychodynamique du travail », une théorie du travail vivant car si le travail peut engendrer le pire, il a aussi le pouvoir d’engendrer le meilleur. (...)

Lire aussi :

 (l’Humanité/Cynthia Fleury)
La clinique du travail

Les témoignages de souffrance au travail continuent de pleuvoir : grandes entreprises, services publics, associations, fédérations de sport, sociétés de production télévisuelles… L’un des pionniers de la psychodynamique du travail, Christophe Dejours, dirige un ouvrage collectif Écouter le travail vivant. Nouveaux chemins cliniques (l’Atelier, 2024) et revient sur les mutations récentes de l’organisation du travail et leur rôle dans la formation des pathologies mentales occasionnées par le travail.

Avec la psychodynamique, la centralité du travail a été aussi essentielle dans la vie de l’individu que celle de la sexualité. Par ailleurs, ce n’est pas la faille psychopathologique personnelle qui a été traquée mais plutôt la faille systémique, institutionnelle, organisationnelle, collective, ou encore ce qui fait « normalité ». (...)

Quelles ont été les nouvelles méthodes de la domination professionnelle et sociale ? L’évaluation individualisée des performances par des méthodes quantitatives, la standardisation des modes opératoires, la tutelle des gestionnaires qui ignorent tout de la science spécifique de tel ou tel travail, le démantèlement du droit du travail…

Face à ce nouveau contexte délétère, la sublimation au travail, voire du travail, est devenue quasi impossible sachant que la faculté de sublimation n’est pas qu’une aptitude personnelle mais qu’elle dépend aussi « pour une part importante, de la qualité des relations de coopération qu’il est parfois possible de tisser entre les partenaires du travail collectif ».

Or, pour que celle-ci ait lieu, il faut que l’organisation soit respectueuse du « travail vivant », celui-là même que chacun tend à faire pour « honorer la vie ». La santé mentale dans et par le travail dépend de deux éléments, tous deux constitutifs du travail vivant : « La qualité du travail, d’une part, les règles de travail élaborées par le collectif pour construire des relations de coopération, d’autre part. » (...)