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« Écologistes, mobilisons-nous pour les exilés »
#ecologie #anticolonialisme #antiracisme #exiles #MNA #immigration
Article mis en ligne le 20 mars 2025
dernière modification le 19 mars 2025

Des militants écologistes appellent, dans cette tribune, à se mobiliser pour les mineurs étrangers expulsés de la Gaîté lyrique, à Paris. Le sort des exilés est une question écologique, revendiquent-ils.

L’Observatoire Terre-Monde est le centre d’étude des écologies politiques des Outre-mer français et de leurs proches régions. Vietnam Dioxine est un collectif d’écologie décoloniale en soutien aux victimes de l’agent orange.

Nous, militant·es et acteur·ices des luttes antiracistes, écologistes et décoloniales en France, condamnons fermement la décision prise par l’État français, via la préfecture de Paris, d’expulser soudainement et violemment de la Gaîté lyrique [un lieu culturel parisien] 450 jeunes mineur·es non accompagné·es (MNA) à la rue, sans leur laisser le temps nécessaire pour un recours effectif et alors qu’aucune solution d’hébergement digne ou pérenne ne leur a été proposée.

Il est urgent de donner à ces jeunes ce à quoi ils ont droit : le respect de la présomption de minorité, des conditions de vie dignes, un logement immédiat et durable leur permettant d’assurer leurs besoins administratifs, une vie personnelle et familiale comme tout·e un·e chacun·e, un accès à l’éducation, aux soins et aux transports gratuits.

Il est aussi nécessaire de s’attarder et de saisir la gravité de ce qui se joue dans le traitement étatique des mineur·es non accompagné·es en France. C’est l’émanation de violences coloniales passées qui se perpétuent quelle que soit l’alternance gouvernementale, par le « tri » entre les personnes sur la base de critères racistes. Nous alertons, depuis de longs mois, sur l’augmentation des violences d’État exercées en Kanaky, à Mayotte, à la Réunion, dans les quartiers populaires d’Hexagone ou même lors des mobilisations contre la vie chère en Martinique et en Guadeloupe. (...)

C’est ce même pouvoir colonial qui a mené des campagnes de « sécurisation contre la délinquance » auprès des mineur·es isolé·es, mahorais·es pour la plupart, dans le quartier de Fayard à Saint-André de La Réunion à la demande de la préfecture. C’est ce même pouvoir colonial qui refuse aux mineur·es comorien·nes à Mayotte le droit d’habiter et d’être de la terre, comme les impétueuses opérations Wambushu nous l’ont montré.

Violence raciale des autorités françaises

Nous interpellons sur la tendance aggravée à l’autoritarisme et à une normalisation de la violence raciale de la part des autorités françaises. (...)

Le gouvernement, désormais infiltré par l’extrême droite, apparaît, lui, au service d’un projet de renaissance d’une communauté imaginaire passant par une stigmatisation des personnes exilées et de leurs descendant·es, et la diffusion d’un fantasme populiste de « submersion migratoire ». Il est dès lors d’une urgence absolue de faire preuve de responsabilité et de recourir à la rationalité. (...)

Lutter pour l’écologie, c’est se préoccuper et agir pour le droit d’avoir accès à la terre et donc à un logement, qui que nous soyons et d’où que l’on vienne. Et la rue n’est un lieu favorable ni pour dormir, ni pour vivre, ni pour grandir (...)

Lutter pour l’écologie, c’est se préoccuper et agir pour le droit d’avoir accès à la terre et donc à un logement, qui que nous soyons et d’où que l’on vienne. Et la rue n’est un lieu favorable ni pour dormir, ni pour vivre, ni pour grandir (...)

La situation des MNA est la vitrine du traitement défaillant de l’ensemble de l’administration française à l’égard de certaines vies, et chacune des parties a le devoir impératif d’en changer, urgemment.

Combien parmi nous ont été jugés indésirables en France ? (...)

et sont passés par les dispositifs dits d’accueil et pourtant mortifères dans ce pays : camps de transit et d’hébergement, bidonvilles, CRA [centres de rétentions administratives], « jungles », etc. Combien parmi nous et nos aîné·es ont été déshumanisé·es, essentialisé·es, rejeté·es pour ce qu’iels sont ? Les mots et les dispositifs changent, la violence et le mobile raciste, eux, restent inchangés.

Les blessures physiques et psychologiques causées par ces conditions d’arrivée en France ne concernent d’ailleurs pas uniquement ceux qui en sont directement victimes (...)

« Comment vouloir préserver les terres si certain·es en sont exclu·es ? » (...)

Nous souhaitons, militants écologistes décoloniaux, par la présente tribune, bâtir un pont entre ces deux champs de lutte afin de créer et renforcer un front écologiste antiraciste.