Au moins 400 exilés se trouvent actuellement à Vintimille, dernière étape italienne avant la frontière avec la France. Le renforcement des contrôles de police bloquent les migrants plus longtemps que d’habitude dans la ville. Le centre Caritas, mis sous tension, répond tant bien que mal aux besoin des exilés, en particulier ceux des hommes qui n’ont aucun lieu d’hébergement et qui survivent dehors. Reportage
Les quatre cousins ont passé 28 heures en mer, avant d’atteindre enfin Lampedusa. Depuis cette minuscule île italienne, où près de 10 000 exilés ont débarqué en une semaine mi-septembre, ils ont été transférés en Sicile. De là, dans l’espoir d’atteindre un jour Marseille (sud de la France), ils se sont retrouvés à Vintimille.
"J’ai risqué ma vie, j’ai vu la mort. Je me demande pourquoi je fais tout ça ?", songe aujourd’hui Karim, avant de répondre à sa propre question : "Vivre en Tunisie n’est plus supportable. On ne peut même plus manger". (...)
Comme eux, près de 400 exilés survivent actuellement dans cette ville italienne frontalière. Un record, cette année. "Les chiffrent des arrivées varient sans cesse, mais généralement, on oscille entre 120 et 150 personnes à la distribution du matin, parfois 200", témoigne Christian Papini, directeur du centre Caritas. (...)
Comment expliquer cette augmentation ? "Ce n’est pas tant l’effet Lampedusa", estime Christian Papini : "C’est aussi parce que les personnes mettent plus de temps à passer en France". Les effectifs de gendarmes et de policiers ont été accrus ces derniers mois à Menton, première ville française après Vintimille. "Quand ils augmentent les contrôles, les migrants passent moins vite. Au lieu de deux jours, ils vont en mettre quatre, par exemple. Cela augmente le nombre de gens sur place, car les autres continuent d’arriver", explique le directeur du centre Caritas. (...)
"Dans les dernières semaines, on a vu beaucoup de mineurs isolés soudanais", précise Silvia Donato, coordinatrice de Save the Children au centre Caritas. Cette ONG, proposant des espaces de jeux et de détente au sein du centre, est dédié au droit des mineurs et des familles. "On constate la grande présence de femmes et de familles guinéennes et ivoiriennes, parfois avec de tout petits bébés. On a vu une augmentation de ces profils à partir du mois de janvier, et cela se poursuit".
À l’inverse des hommes, les femmes et enfants sont davantage protégés de la rue à Vintimille. Fin août, les autorités italiennes ont décidé de financer un local d’hébergement, géré par Caritas, juste à côté du centre. Sommaire, ce centre peut tout de même accueillir jusqu’à 30 personnes.
"Nous avons aussi un autre logement à Vintimille, d’une vingtaine de places, prêté par l’évêque de la ville", explique Christian Papini. Mais ce second lieu leur a été fourni, il y a trois ans, pour une période temporaire qui s’achève (...)
Dormir ici engendre "des problèmes dermatologiques qui s’aggravent ; la gale par exemple. Et des problèmes musculo-squelettiques, parce que les gens dorment dehors après plusieurs jours de marche", déplore Maria Cristina Daniele, médecin pour la clinique mobile de Médecins du Monde. (...)
Sans compter la difficulté psychologique de faire face à de telles conditions de survie, si proche de la fin du parcours d’exil. (...)
En face du pont se trouve un autre lieu-ressource à Vintimille. Plus modeste, auto-géré par de jeunes bénévoles et par les exilés eux-mêmes, mais toujours plein à craquer : l’InfoPoint, ouvert de 16h à 20h (...)