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France24
Disparitions de femmes amérindiennes aux États-Unis : le fléau de l’indifférence
#femmes #USA #amerindiennes #reserves
Article mis en ligne le 5 avril 2025

Chaque année, 5 000 femmes autochtones disparaissent des réserves où elles vivent aux États-Unis. Du jour au lendemain, leur existence n’est plus qu’un souvenir, et les enquêtes des autorités ne donnent bien souvent aucun résultat. La réalisatrice franco-américaine Sabrina Van Tassel a enquêté sur la disparition de Mary Ellen Johnson Davis de la réserve de Tulalip, dans l’État de Washington, et raconte le destin brisé des femmes et des hommes de la communauté.

(...) La réalisatrice franco-américaine Sabrina Van Tassel, choquée par l’indifférence qui entoure ces disparitions, a décidé d’enquêter avec les sœurs de Mary Ellen. Elle en a tiré un documentaire aussi touchant que révoltant, "Les disparues", qui raconte l’ostracisation de ces communautés, les fléaux qui les affligent, plus nombreux que dans n’importe quel autre groupe ethnique des États-Unis.

Les femmes y sont dix fois plus à risque d’être victime de meurtre. En 2019, l’homicide était la troisième cause de décès chez les femmes autochtones âgées de 15 à 19 ans et de 20 à 24 ans. Trois sur cinq subiront un viol au cours de leur vie. Dans certaines réserves, ce chiffre monte jusqu’à… 100 %. Là encore, la raison en revient aux pouvoirs limités de la police tribale et à la désinvolture apparente des autorités fédérales.
Reflet d’un colonialisme persistant

Le retour au pouvoir de Donald Trump ne devrait pas arranger les choses. Début février, le président républicain a fait disparaître d’Internet le rapport de la Commission "Not Invisible Act", qui visait à documenter la crise des femmes autochtones disparues pour y mettre un terme. Ironie de l’histoire, cette Commission mandatée par une loi bipartisane a été promulguée par Donald Trump lui-même, lors de son premier mandat.

Les conclusions du rapport ont été sauvegardées par certaines organisations avant qu’elles ne soient supprimées des sites fédéraux. Mais la machine est en route, et depuis le 20 janvier 2025 et la réinstallation du milliardaire républicain à la Maison Blanche, il a demandé à son "bro" Elon Musk, à la tête du Doge, de résilier les baux de quelques 7 500 bureaux fédéraux, dont 25 antennes régionales du Bureau des affaires indiennes. Donald Trump a également annulé un décret signé par son prédécesseur Joe Biden, qui visait à renforcer la souveraineté tribale des 574 tribus reconnues par Washington.

Ces politiques sont le reflet d’un colonialisme qui ne s’est pas totalement dissipé et qui persiste aujourd’hui aux États-Unis, avec son lot de traumatismes qui se transmettent de génération en génération chez les Amérindiens.

Pendant 150 ans, le gouvernement américain a financé 500 pensionnats où étaient élevés les enfants autochtones, arrachés parfois dès l’âge de cinq ans à leurs familles. Il leur y était interdit de parler leur langue natale, de suivre leurs coutumes ancestrales. Ces enfants y étaient maltraités, battus, laissés sans soin. Nombre d’entre eux, garçons comme filles, y ont subi des viols, parfois pendant plus d’une décennie.

Le Canada voisn avait mis en place les mêmes institutions, dans l’objectif de "Tuer l’indien pour faire naître l’Homme", avec les mêmes conséquences dramatiques. La même chose est arrivée au début des années 1930 en Guyane. En 2022, le pape François avait finalement reconnu que les populations amérindiennes ont subi un "génocide" mené avec la complicité de l’église catholique. (...)

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