
Vingt scientifiques spécialistes des polluants éternels ont lancé l’alarme mardi 10 juin dans la revue Environmental Science and Technology : des chercheurs liés à l’industrie tentent de modifier la définition de ces substances toxiques et persistantes établie par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « Nous craignons que cet exercice ne repose sur des motivations politiques et/ou économiques plutôt que scientifiques », craignent les experts.
La définition de l’OCDE est primordiale : elle encadre la nature et la quantité des composés per- et polyfluoroalkylés (PFAS), donc leur réglementation. Elle a été établie par l’organisation intergouvernementale en 2018, englobant d’abord 4 730 substances, avant d’être étendue à 10 000 PFAS en 2021. C’est sur elle que l’OCDE s’appuie pour border son projet de « restriction universelle » des polluants éternels dans le cadre du règlement européen Reach (enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des substances chimiques), qui devrait aboutir d’ici à 2027.
Restreindre la définition des PFAS
Mais, en juin 2024, l’Union internationale de chimie pure et appliquée (Iupac) a démarré un processus qui viserait à « saper » le travail de l’OCDE, selon le chimiste de l’environnement Martin Scheringer, cité par Le Monde. L’Iupac a monté un groupe de travail « terminologie et classification » qui vise à redéfinir les PFAS. Le quotidien du soir pointe que certains experts de ce groupe collaborent avec les industriels des polluants éternels sans qu’aucune déclaration d’intérêts ne le signale sur le site de l’Iupac.
C’est le cas de son coprésident, Pierangelo Metrangolo, simultanément membre du comité de gestion de la plateforme de recherche commune de l’École polytechnique de Milan et de la branche polymères de Solvay, l’un des principaux producteurs de polluants éternels. Le chercheur italien a signé un article assurant que la définition de l’OCDE fait l’objet d’une controverse scientifique, ce que nient les experts des PFAS. (...)